Le rôle de Marie dans l’Incarnation

Dans l'événement de l'Incarnation, la part prise par Marie se limite-t-elle à être le réceptacle passif de l'action divine ? Son « oui » est une participation active de la volonté qui seule permet l'avènement du Salut : la réponse mariale, pleinement libre et personnelle, ouvre à toute l'humanité l'accès à la Rédemption.

Dans le parcours méthodique que saint Ignace de Loyola propose dans ses Exercices spirituels, la Vierge Marie tient une place de choix. Dans l’esprit du saint, celle qu’il aime appeler « Madre » ou « Señora nuestra » contribue non seulement à la venue du Rédempteur, lorsqu’elle prononce un oui sans réserve à l’événement de l’Incarnation, mais par sa participation extérieure et surtout intérieure aux moments essentiels de la mission de son Fils, elle concourt, de façon décisive, à l’oeuvre même de la Rédemption. C’est pourquoi elle peut et doit accompagner, de sa présence discrète, tout l’itinéraire des quatre « semaines ». Ainsi le retraitant est convié à contempler Notre Dame dans les divers mystères de la vie cachée, de la vie publique et de la Passion dont fait mention l’Évangile, mais également, parce que « l’Écriture suppose que nous avons l’intelligence », dans ceux de la Résurrection et de la gloire du Ciel. Au nom de cette même intelligence spirituelle, Ignace recommande d’invoquer son intercession auprès de Jésus dans les « colloques » de la première semaine, visant à la conversion initiale du pécheur. On pourrait penser que la pureté personnelle incomparable de la Vierge la rend étrangère à l’expérience de ce dernier. Mais non, estime le saint, car sa plénitude de grâce la met dans une relation telle avec son Fils qu’elle peut, mieux que quiconque, en partager au plus intime les désirs (cf. Luc 12,49). Dérivant de sa mission et totalement unie à elle, la mission de Marie est de correspondre à son intention salvifique et d’en accompagner la réalisation par la prière et l’abnégation. [...]