My Architect. A son’s journey

Le film de Nathaniel Kahn, en reconstituant la vie de son père, un des plus grands architectes américains, permet de réfléchir sur la relation entre volonté d'art et vie morale, exigence de cohérence démentie par l'opinion qui fait de l'artiste un être voué au dérèglement. Le film tout en montrant la souffrance filiale qui est le prix du génie paternel, est à l'unisson de l'œuvre du Bâtisseur par la qualité des images et la profondeur de vue de l'Ecriture du fils.

Reconstituant la vie et l'oeuvre de Louis I. Kahn (1901-1974), l'un des plus illustres représentants de l'architecture américaine, son fils Nathaniel nous donne une occasion de réfléchir sur la possibilité d'une relation entre la volonté d'art et la vie morale. Nos critiques affirment ordinairement que l'oeuvre n'a pas à être édifiante ; se prétendre une compétence morale à son endroit, jugent-ils, revient à ne pas percevoir la beauté. Ainsi devrait-il nous indifférer d'apprendre dans My Architect que Louis Kahn ne ressembla ni à un bon père ni à un époux exemplaire ; et c'est ce qui n'est pas. Nous ne pouvons que ressentir ce que la divergence entre le bonheur familial et la recherche de l'oeuvre a de poignant, et ce qu'elle inspire de soucieuse curiosité. Le film montre la souffrance filiale qui fut le prix de l'aveugle et égoïste déploiement du génie architectural paternel ; « Mon architecte », ce titre exprime le malheur d'un enfant négligé : pour prétendre bénéficier de l'attention et de l'affection non reçues, le fils se conçoit ainsi qu'un bâtiment. Triste confusion. Tout le mal-être mis en scène parait reposer sur l'incapacité du grand architecte à refléter la qualité acquise par son travail dans la responsabilité du don de la vie et dans l'amour humain. [...]

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