Faut-il repenser l'homme ?

Jean DE FABRÈGUES
Quelle crise? - n°50 Novembre - Décembre 1983 - Page n° 50

Le savoir sur l'homme engendre le pouvoir totalitaire qui détruit l'homme. La philosophie politique ne réussit pas mieux à fonder les droits de l'homme. Seule les établit la foi chrétienne qui refuse autant de condamner le monde que d'en prononcer l'achèvement dans l'histoire.

 1ère page,50, jointe

C'EST un truisme de dire que «la crise» où nous sommes plongés est une crise de l'homme. La tautologie [[Que les «sciences de l'homme » soient fondées sur une tautologie, où l'homme est sans plus présupposé identique à lui-même, c'est ce que vient de montrer le cardinal Lustiger, dans un article sur la culture, paru dans les Etudes d'octobre 1983, p. 293-301 (N.d.l.r.).]] apparaît pleinement si nous considérons l'état où se trouvent aujourd'hui les diverses disciplines qui ont entrepris de définir et expliquer l'homme. De la biologie à la psychanalyse, en passant par l'histoire, l'ethnologie, la sociologie, toutes les sciences qui ont l'homme pour objet, sont, chacune pour sa part, en crise. Depuis en gros le siècle des « lumières », chaque nouvelle branche des sciences «de l'homme » ou «humaines» avait cru pouvoir tout dire sur l'homme. Et chacune d'elles découvre ces temps-ci ses limites, en rencontrant l'« inexplicable ». C'est Monod, acculé à risquer la conjonction du « hasard » avec la nécessité intelligible. C'est, en conclusion des longs travaux de Lévi-Strauss, le constat qu'à l'origine de toutes les structures sociales, l'ethnologue trouve déjà à l'œuvre un «esprit humain »...

 

Les crises internes aux divers domaines des sciences humaines renvoient, de plus, à une crise plus vaste du savoir : car ces disciplines apparaissent contradictoires entre elles (ou du moins en conflit) quand chacune prétend dire le tout de l'homme. Et de surcroît, au-delà de la crise ouverte dans le développement propre de chaque science, au-delà de l'éclatement du savoir en acquis incomplets, il y a l'état où l'homme se découvre au terme des analyses dont il est l'objet. Le savoir est mis en question non seulement de l'intérieur même de sa prétention, mais (plus radicalement encore) parce qu'il conduit à un pouvoir sur... l'homme précisément et que les hommes le refusent au nom de leur humanité, de ce qu'ils sont ou se sentent être. (p.50)

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Jean de FABRÈGUES

 


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