La Gestapo face au Vatican

Edouard HUSSON
Mémoire et Réconciliation - n°161 Mai - Juin 2002 - Page n° 85

Quelle vision la Gestapo avait-elle de la papauté ? Dans quelles conditions concrètes le Pape Pie XII pouvait-il tenter de résister aux menées nazies et en particulier, tenter de sauver les juifs menacés de déportation ? L'analyse historique précise des documents permet d'éviter les erreurs et les perspectives anachroniques.

La Gestapo, absente des considérations sur l’action de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale

Un des aspects les plus curieux du débat sur le rôle du Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale, réactivé par le film Amen, réside dans l’incapacité de la plupart des critiques de Pie XII à saisir la réalité d’une Europe en guerre sur laquelle le Sicherheitsdienst (service de sécurité de la SS) et la Gestapo avaient étendu leur influence aussi loin qu’ils le pouvaient. Sous l’impulsion de Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich (puis d’Ernst Kaltenbrunner, à partir de la fin 1942), l’appareil de surveillance et de répression du IIIe Reich faisait régner la terreur dans toute l’Europe occupée et tâchait d’intimider, autant que possible, les pays neutres. Le complexe policier SD-Gestapo, réuni en 1939 sous l’appellation RSHA (Reichssicherheitshauptamt ou Bureau Central de la Sécurité du Reich) sous la direction de Reinhard Heydrich, était d’autant plus efficace et redoutable qu’au moins depuis 1936 plus rien ne venait entraver son fonctionnement : Himmler avait obtenu de Hitler que la police politique ne soit plus subordonnée au ministère de l’Intérieur ; les hommes du RSHA n’étaient en rien tenus de respecter les procédures juridiques d’un État de droit, en particulier en matière d’arrestation, de détention et de condamnation d’un individu ; enfin, l’appareil dirigé par Heydrich évitait, autant que possible, la bureaucratie : ses agents disposaient sur le terrain d’une grande liberté d’initiative et les décisions étaient le plus souvent prises par des contacts téléphoniques ou télégraphiques directs entre la centrale berlinoise et les antennes locales. Beaucoup de témoins de cette époque ont insisté sur ce qu’il y avait de plus angoissant dans le fonctionnement de la Gestapo ou du SD : la rapidité de ses interventions, comparée à celles de l’administration d’occupation ou de la Wehrmacht. [...]

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