Libres réflexions sur la culture catholique dans la société française

Le regard porté par la société française sur la culture et les institutions catholiques est en train de se modifier. Une rétrospective historique analyse les conditions de leur naissance et de leur développement encadré par une législation laïque et centralisée. La nouvelle conjoncture appelle à la réflexion et au débat sur ce que signifie leur caractère « catholique ».

La nécessaire concentration des forces en matière d’enseignement supérieur et de recherche, avec l’exigence de leur recensement complet, pour faire face aux compétitions internationales, explique peut-être l’attention nouvelle que porte l’État en France aux institutions catholiques. Elle s’accompagne, chez les catholiques eux-mêmes, d’une conscience plus aiguë de la place et de la spécificité de ces institutions et de leur culture spécifique, alors que leur contribution est souvent reconnue dans la majorité des sociétés occidentales et même au-delà. Ne convient-il pas, à cette occasion qui est peut-être un véritable tournant, de revisiter la situation spéciale dans laquelle les institutions catholiques, et particulièrement celles qui se vouent à l’enseignement supérieur et à la recherche, se trouvent dans notre pays ? Seule une relecture, apaisée, je l’espère, de notre histoire politique et religieuse, peut en donner les raisons mais aussi, à partir d’elles, tracer un avenir¹.

Des institutions monarchiques

Le terme même d’institutions catholiques, que nous comprenons parfaitement aujourd’hui, n’avait aucune raison d’être dans la France de l’Ancien Régime. Il n’y avait d’institutions que « royales », placées sous la protection du roi très chrétien, descendant de saint Louis. Certes, il y avait des institutions ecclésiales, ecclésiastiques ou religieuses comme les grands ordres monastiques ou la Compagnie de Jésus, institutions qu’on disait d’Église [...]

1. Ces pages reprennent, avec des modifications, une communication faite aux Bernardins devant l’Académie catholique de France, le 29 mars 2010.