Images du Christ

Intégration

Quand il veut aborder de front le mystère du Christ, le cinéma semble échouer. Mais l'ouvre d'art cinématogra­phique reste capable, par le détour d'une transparence recréée, de nous montrer de véritables figures du Christ.

La première page, 61, est jointe.

CONTRAIREMENT aux autres arts, le cinématographe ne fut pas, en son enfance, religieux. Même si moins de deux ans après son invention, en 1897, fut tournée pour la société Lumière La Passion, film en treize tableaux, sans doute reproduction pure et simple du mystère médiéval représenté à Horitz en Bohême. Les « Vies du Christ » se multiplièrent alors avec plus ou moins de bonheur (1). Le cinéma n'était pas né du sacré : il se contentait de l'illustrer. Cela fait toute la différence.

Pourtant, aucun thème sans doute ne fut plus exploité au cinéma que la personne du Christ, sa vie, sa Passion, son message. Quelles images du Christ le septième art nous livre-t-il ? Que choisit-il de transcrire visuellement ? Peut-il respecter la double nature du Sauveur ? Depuis qu'Amédée Ayfre, André Bazin et Henri Agel lui ont montré que le ciné­ma avait une âme (2), le spectateur chrétien est contraint de constater un paradoxe : lorsque l'évocation du Christ au cinéma est directe, le mystère parait comme occulté. Pour l'approcher dans son authenticité la plus grande, ne devrait-on pas prendre, bien souvent, le détour de l'oeuvre d'art dont le sujet sera apparemment profane ?

(1)    Pour l'historique des premiers films consacrés au Christ, voir Pierre Leprohon, « Les évocations directes de la Passion », dans l'excellent numéro des Etudes cinématographi­ques, 10-11, Paris, 1961, consacré à « la Passion du Christ comme thème cinématographi­que ».

(2)    Voir en particulier Henri Agel, Le cinéma a-t-il une âme ? Paris, Cerf, 1952, et tout ré­cemment Métaphysique du cinéma, Paris, Payot, 1976, où on trouvera un essai d'herméneu­tique spirituelle du cinéma.

p.61

Le Christ en images

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