Droit, morale, consentement social : l'Église et la crise de la société démocratique

Cardinal Paul POUPARD
Sainteté dans la civilisation - n°73 Septembre - Octobre 1987 - Page n° 44

Intégration _________________________________________

 La disjonction et les distorsions actuelles entre droit moral et consentement social affectent à la fois l'équilibre des démocraties occidentales et la crédibilité de l'Église. Il importe, dans ce contexte, de rappeler les présupposés doctrinaux de l'action de l'Église en ces domaines et le rôle qui est le sien. Témoin et gardienne d'un absolu moral qui fonde le droit positif et sert de référence au consensus social, elle remplit, par là-même, un authentique service d'humanité.

Droit, morale, consentement social : l'Église et la crise de la société démocratique

LE fait social, de nature politique, naît de l'action conjointe de trois acteurs : le législateur, les individus et l'opinion. Trois éléments le caractérisent donc : le droit, c'est-à-dire la norme édictée par l'autorité en vue de régler les rapports des membres d'un groupe entre eux ; la morale ou la question de savoir si les règles de comportement ainsi imposées sont ou non conformes à la fin que les personnes assignent à la vie sociale ;le consentement social qui est la marque de ce que la règle qui a été édictée en vue du bien commun et reconnue comme telle est librement acceptée par l'ensemble de ceux qui forment une communauté.
Cette triple relation a toujours été l'occasion de tensions, car chaque époque remet en cause l'équilibre social que la précédente lui a légué et tente de faire passer dans le droit un nouvel agencement de ces relations qu'elle juge mieux convenir à la paix sociale.Une crise profonde affecte actuellement les pays occidentaux,car il semble que ce soit la complémentarité de ces trois acteurs qui soit mise en cause. Pour le dire en toute clarté, la responsabilité d'une personne ou d'un groupe ne se définit plus vis-à-vis du bien commun général, mais des intérêts particuliers. Cette primauté du subjectif en vient à s'opposer à la formation d'un consensus social, où tous concordent en vue de construire une société juste. La règle de droit est alors rarement consacrée par le consensus de tous. Un nouveau regard se trouve de ce fait porté sur l'autorité, dès lors qu'elle se voit retirer cette qualification qui la considérait jusque-là comme un facteur actif de cohésion sociale, « le maître et l'éducateur » des peuples...

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