Thierry ESCAICH
Notre Père II Nom-Règne-Volonté
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n°244
Mars - Avril
2016 - Page n° 61
Si on chante le Notre Père, comment s’y prendre ? Successeur de Maurice Durufé à la tribune de Saint-Etienne-du-Mont à Paris, Tierry Escaich fait part de ses réflexions de compositeur et d’interprète dans un entretien mené par Joseph Tirouin.
J.T. – Avant de parler de la mise en musique du Notre Père, une question préalable : faut-il le chanter ?
T.E. – On ne peut pas prendre de décision permanente : ce qui est important dans une célébration, c’est l’équilibre entre le chanté et le parlé. À partir du moment où d’autres moments sont chantés (par exemple le Gloria), je trouve, en tant que musicien, que cet équilibre peut être rompu si on chante aussi le Notre Père. Il convient mieux, souvent, que le texte soit simplement récité, d’autant qu’ensuite, l’Agnus Dei va enchaîner avec le chant de communion, etc. Ce ne doit pas nécessairement être habituel : je déteste qu’un office se déroule de manière habituelle, comme lorsqu’on décide, de manière définitive, que « le Notre Père doit être chanté ». Il faut avouer que de belles mises en musique du Notre Père sont plus rares que pour d’autres parties de la messe (Kyrie, Gloria, Agnus…). Le texte peut même être gâché par une musique un peu faible, alors qu’il est sublime : on s’adresse directement au Père, avec une très belle scansion, et un texte d’autant plus percutant qu’il est court. J’ai donc tendance à préférer qu’il soit plutôt récité (par rapport à un Gloria, que Jean Langlais a si bien servi1). Le Notre Père le plus poétique que je connaisse, c’est celui de Maurice Duruflé2.
J.T. – Vous appréciez le Notre Père de Duruflé : quelles sont les qualités que vous lui trouvez ?
T.E. – J’en trouve deux : d’abord, c’est un des seuls qui corresponde à l’écriture harmonique de Duruflé, je veux dire qui soit en accord avec le style du compositeur lui-même (cette sorte d’équilibre entre tonalité et modalité, qui est l’héritage de l’École Niedermeyer de Paris3, à la suite de César Franck, Gabriel Fauré…). En second lieu, Duruflé renouvelle les incises à chaque période, il y a une liberté mélodique, à l’intérieur de ce Notre Père, qui est assez belle. La première incise est [...]
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1 On peut entendre le Gloria de la Messe Solennelle de Jean Langlais (1907-1991) sur YouTube (Eton College Chapel Choir).
2 Maurice Duruflé (1902-1986) fut l’organiste de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, prédécesseur de Thierry Escaich ; le Notre-Père pour 4 voix mixtes (op.14) est sa dernière oeuvre (1977).
3 École de musique fondée à Paris en 1853 par Louis Niedermeyer (1802-1861), où fut beaucoup étudiée et redécouverte la musique du Moyen-Âge et de la Renaissance, fondée sur la modalité.
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