Newman en Claudel

M. Gregory SOLARI
Notre Père II Nom-Règne-Volonté - n°244 Mars - Avril 2016 - Page n° 119

Le Songe de Gérontius, long poème que J.H. Newman publia en 1865, décrit le cheminement qu’entreprend un baptisé, Gerontius, à partir du moment de sa mort jusqu' à celui de son face à face avec le Christ. Lors du Festival d’art sacré de Boulogne, le 12 février 2016, le public a pu entendre pour la première fois, non pas l’oratorio que le compositeur Elgar créa en 1900, mais le poème récité, presque joué, avec accompagnement d’orgue, permettant ainsi  une mise en valeur exceptionnelle de ce texte

 

Grâce à l’interprétation musicale qu’en a donnée Elgar, Le songe de Gerontius constitue sans doute l’oeuvre sinon la mieux connue, du moins la plus populaire de John Henry Newman (1801-1890). Un rapide repérage discographique montre que l’intérêt pour ce long poème ne diminue pas : on ne compte pas moins de trente interprétations depuis le premier enregistrement intégral du Songe, en 1945. Il existe deux séries d’extraits, d’environ cinquante minutes, dirigés par Elgar lui-même et enregistrés en 1927, lors de concerts donnés au Royal Albert Hall et dans la cathédrale de Hereford (The Elgar Edition chez E MI). Depuis, The Dream of Gerontius a été dirigé notamment par Malcolm Sargent (1945), John Barbirolli (1964), avec Janet Baker comme mezzo-soprano, Benjamin Britten (1971), Andrew Davis (1997), Adrian Boult (1975), Simon Rattle (1986), Richard Hickox (1988), Vernon Handley (1993), Andrew Davis (1997), Colin Davis (2005), Sakari Oramo (2006), Mark Elder (2008), à quoi il faut encore ajouter près d’une douzaine d’enregistrements, la plupart dirigés par des chefs d’orchestre britanniques. On compte deux enregistrements à Moscou, sous la direction de Hans Swarowsky (1960) et Yevgeny Svetlanov (1983). Vladimir Ashkenazy a dirigé le Songe avec l’orchestre symphonique de Sydney (2008). Edo de Waart a dirigé le Songe en 2013. Dernière interprétation en date : celle donnée sous la direction de Andrew Davis à Londres, 6 avril 2014, à l’occasion du 80e anniversaire de la mort d’Elgar. Enfin The Dream a été joué à Birmingham le 18 septembre 2010, pour la béatification de Newman par Benoît XVI.

C’est le paradoxe d’une notoriété à laquelle Newman le premier ne s’attendait pas. Selon Henry Tristram, qui fut l’archiviste de l’Oratoire de Birmigham au temps où vivaient encore des anciens novices de Newman, ce dernier ne s’intéressait qu’à deux choses, « aux Pères de l’Église et à la philosophie ». La poésie, de fait, occupe une place mineure dans son oeuvre : un recueil de poèmes comprenant ses productions en vers de la période 1832-1835, et The Dream of Gerontius (1865). Sur la genèse du Songe, Newman est laconique. On trouve cette indication dans la correspondance : « C’est le 17 janvier dernier qu’il m’est venu à l’esprit de l’écrire, je ne peux vraiment dire comment, et je n’ai pas cessé d’écrire jusqu’à ce qu’il soit achevé sur de petits morceaux de papier. Et je ne pouvais rien écrire d’autre, l’aurais-je voulu, que ce que j’ai écrit là ». 

Comment expliquer un tel flot poétique (le poème comprend 900 lignes) ? La correspondance de Newman donne un premier élément de réponse. Le projet sinon du Songe lui-même, du moins d’une [...]

 

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