M. Jean-Noël DUMONT
Éduquer à la liberté
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n°254
Novembre - Décembre
2017 - Page n° 96
L’école éduque si elle instruit. Sans feintes, l’exigence de la vérité attire une liberté. Le professeur, lui-même soumis à cette exigence, donne à la liberté de l’élève tout son sérieux. La quête de vérité peut alors être reconduite à sa source absolue.
Le propre de l’école est d’instruire, ce que l’on ne demande pas à la famille ou aux mouvements de jeunesse. Elle donne des savoirs utiles et des compétences, enseignements qui sont confiés à des personnes diplômées et rémunérées, des professeurs. Si la nation consacre une bonne part de ses efforts à l’école, ce n’est pas d’abord pour l’épanouissement des enfants mais pour le service de la collectivité qui a besoin de citoyens compétents en divers domaines et responsables. Qu’on la dise « républicaine » ou « napoléonienne », son organisation signale en tous points que ses fins sont collectives et qu’elle est un instrument du pouvoir. Ceux, nombreux, qui expriment la nostalgie de l’école républicaine avec ses deux marronniers et ses latrines au fond de la cour ne peuvent oublier que cette école a été conçue pour faire des soldats et les épouses des soldats. Comment, alors, parler de l’éducation de la liberté, sauf à dire que l’homme n’est libre que pour autant qu’il est citoyen ? Les initiatives libertaires qui ont voulu saper cet édifice du pouvoir poursuivaient les mêmes fins puisque, dénonçant une culture dominante, elles voulaient elles aussi, par l’école, construire une société nouvelle avec des enfants qui ne connaissent pas le joug. Ainsi, républicaine ou libertaire, l’école sert encore des fins collectives. La culture reçue à l’école est instrumentalisée aussi bien par ceux qui veulent transmettre que par ceux qui veulent innover, elle n’est pas perçue d’abord comme éducatrice de la liberté. Aussi la liberté à l’école est-elle souvent, avec beaucoup de naïvetés, versée dans le périscolaire, le facultatif, le récréatif. Mettre l’activité libre à la périphérie, n’est-ce pas avouer que l’enseignement n’est pas par lui-même émancipateur ? Le pédagogue s’interrogera encore sur les moyens d’accès à la connaissance, ici plus encadrés ou là plus spontanés. L’aveu caché est le même : le savoir n’est pas porteur de liberté par son contenu, seulement par les méthodes.
Mais il y a une contradiction à approcher la question de la liberté en termes de moyens et de méthodes, de dispositifs : la liberté advient-elle au bout d’un processus, est-elle un résultat ? Il est clair que toute réflexion sur l’éducation à la liberté se heurte à cette contradiction : s’il y avait des moyens pour façonner une liberté, elle ne serait qu’un produit. On voit ainsi que les fins collectives poursuivies par l’école accentuent fortement cette contradiction qui consiste à prétendre « faire des hommes libres ». Il faut en conclure qu’on n’éduque pas à la liberté, ce qui ferait de celle-ci un résultat [...]
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