A propos des traductions de la cinquième demande

M. Paul‑Victor DESARBRES
Notre-Père IV Pardonne-nous - n°256 Mars - Avril 2018 - Page n° 49

À regarder la façon dont la cinquième demande a été traduite et les débats qui ont présidé aux choix de traduction en diverses langues, on peut distinguer deux tendances : un parti pris exégétique respectant la lettre du texte et son caractère problématique et un parti pris pastoral qui accorde une certaine importance à la compréhension immédiate du texte. Mais peut-on faire l'économie d'une catéchèse ?
 

Il existe un nombre incalculable de traductions du Notre Père. On ne s’étonnera pas que la prière chrétienne par excellence ait parfois servi d’instrument privilégié pour illustrer la diversité des langues. Ainsi, l’humaniste zürichois Konrad Gessner (1516-1565), dans son Mithridates. De differentiis linguarum (Zürich, Froscher) décrit environ 130 langues et expose 22 versions du Notre Père. Il inaugure un genre qui sera pratiqué par de nombreux successeurs1.

Le texte grec du Notre Père dans les évangiles (Matthieu 6, 9-15 ou Luc 11, 2-4) paraît lui-même être une traduction ; d’aucuns ont pensé que Jésus avait confié la grande prière en hébreu (langue liturgique2) : cela a motivé de fameuses tentatives qu’on qualifie de « rétroversions » plus que de traductions.

Ce texte grec (cette traduction) dont nous disposons, puisé en général chez Matthieu, a été lui-même parfois modifié, retraduit pour être récité. On peut distinguer deux types d’usage de façon schématique : un usage dans le cadre de la liturgie eucharistique, et un autre dans celui de la dévotion non-liturgique, qui ne coïncide pas toujours avec le premier. L’utilisation d’une traduction propre à la liturgie est liée au fait que la langue liturgique et la langue vernaculaire ont rarement coïncidé. En effet, dans l’Église romaine, la traduction en vernaculaire de la liturgie latine et donc du Pater était presque totalement exclue jusqu’au concile de Vatican II ; cela ne doit pas faire oublier que la grande prière a fait l’objet de nombreuses traductions à usage non-liturgique dans tout l’occident médiéval. De plus, dès le XVe siècle, plusieurs mouvements de la Réforme ont bien sûr suscité des traductions (nouvelles), à usage à la fois privé et liturgique. Enfin, il existait, dans les différentes Églises et au sein même de l’Église catholique, diverses liturgies où le Notre Père figurait déjà en grec, syriaque (qui n’est plus parlé en tant que tel), slavon (langue désormais nettement distincte du russe vernaculaire), ou arabe.[...]
 

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1 Son idée est d’illustrer une forme de richesse positive de la variété des langues. La confusion des langues qui règne depuis Babel à cause du péché des hommes est dommageable, mais elle est contrebalancée par la connaissance des différentes langues et l’étude de leurs ressemblances ou parentés.

2 Jean Carmignac, Recherches sur le Notre Père, 1969, p. 30-33.


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