n°256 Notre-Père IV Pardonne-nous Mars - Avril 2018*


Éditorial : Anne-Claire Lozier et Paul-Victor Desarbres :  Pardon à crédit

Thème    Notre Père IV - Pardonne-nous

Charles de Foucauld : Méditation sur le Notre Père (IV)

À Rome, le 23 janvier 1897, le bienheureux Charles de Foucauld rédigea une paraphrase du Notre Père. Il se préparait à quitter la Trappe pour partir à Nazareth.

Daniel Pittet : Pardonner l’impardonnable pour être un homme debout

L'auteur de Mon Père, je vous pardonne, victime d'un prêtre pédophile qu'il a dénoncé devant la justice, évoque le pardon qu'il a accordé à onze ans, qui n'efface pas ce qu'il a vécu, mais lui a permis de survivre comme un « homme debout ».

Philippe Lefebvre : Dettes et débiteurs, ces mots si chers –Parcours bibliques

Le vocabulaire économique est très présent dans la Bible. Comment exprime-t-il quelque chose de notre vie spirituelle et de notre rapport au Père ? Le Notre Père, en utilisant ce même vocabulaire, nous fait sortir d'un monde marqué par les liens de dépendance et d'assujettissement, dont le symbole est la dette, pour nous faire entrer dans la vie filiale.

Gary Anderson : Pardonne-nous nos dettes

Utiliser la métaphore de la dette pour parler du péché, est-ce faire de Dieu un créancier pointilleux ? Par une étude précise de l'utilisation de ce vocabulaire économique dans la littérature rabbinique, l'auteur montre qu'elle ne s'oppose pas nécessairement, comme on a pu le soutenir, à la conception d'un Dieu généreux et miséricordieux, à la « comptabilité inventive ».

Paul-Victor Desarbres : À propos des traductions de la cinquième demande

À regarder la façon dont la cinquième demande a été traduite et les débats qui ont présidé aux choix de traduction en diverses langues, on peut distinguer deux tendances: un parti pris exégétique respectant la lettre du texte et son caractère problématique et un parti pris pastoral qui accorde une certaine importance à la compréhension immédiate du texte. Mais peut-on faire l'économie d'une catéchèse ?

Jean-Pierre–Batut : Le Pardon — Homélie sur le pardon à partir du débiteur impitoyable

Prononcer le Notre Père suppose d'avoir accordé soi-même le pardon pour demander à Dieu le pardon de nos offenses. Ce préalable peut être compris en fonction de la parabole du débiteur impitoyable : il y a avant tout un pardon originaire de Dieu qui nous restaure, nous rend capables de pardonner et constitue le gage exigeant d'un pardon à donner.

Anton Štrukelj « La purification de la mémoire »

Quel sens donner aux demandes de pardon posées par l'Église au seuil du second millénaire ? À travers les textes magistériels, on comprend que l’exigence de purification de la mémoire qui préside à ces demandes a pour but une libération qui permet de passer de la confession des péchés à l’action de grâce.

Jean-Claude Hanus : L’aveu dans le sacrement de réconciliation

La remise des péchés a pour condition, dans l'Église, l'aveu personnel et sincère. Est montrée l'importance de cet aveu dans le sacrement de Réconciliation, pour la vie spirituelle du pénitent et pour celle de l'Église : l'aveu ne doit pas être compris comme l'exigence d'une lucidité sans faille sur soi-même, mais comme un lieu d'exercice des vertus théologales.

Michael Edwards : Des paroles (peu) nombreuses

Prêter attention à la dimension proprement poétique du Notre Père, c'est réapprendre à le lire. « Si toute grande poésie a pour résultat, quelle que soit l'intention du poète, de changer le réel à nos yeux, de nous changer et de changer la langue que nous parlons, les trois transformations se renforçant mutuellement, le Notre Père se trouve au coeur de la poésie ».

Dossier : Traduire la sixième demande du Notre Père

Thomas Söding : La tentation – Le sens de la sixième demande du Notre Père ­    

À propos de la sixième demande, l’auteur, un grand exégète allemand, fait porter son analyse sur la « tentation » ; la divergence de traduction entre le français et l’allemand reflète une approche différente : ne pas infliger aux fidèles la tentation, ou bien leur épargner l’épreuve décisive.

Denis Dupont-Fauville : Sur la nouvelle traduction liturgique du Notre Père                

La nouvelle traduction liturgique du Notre Père, si elle vise à éviter la confusion, n'est elle-même pas exempte d'ambiguïté. Pour la préciser et la prolonger, l'auteur en propose une autre : nommer clairement le Mauvais, ou le Malin, que vise la dernière demande     

Signet

Angelo Scola : L’anthropologie de l’encyclique Humanae vitae        

Cinquante ans après l’encyclique Humanae vitae (1968), le cardinal Scola revient sur les présupposés anthropologiques d’un texte mal compris.            

 

Nous remercions Jean-Robert Armogathe, Alyette de Béru, Françoise Brague et Isabelle Julg pour leur concours gracieux comme traducteurs.

Pardon à crédit

Anne-Claire Lozier et Paul-Victor Desarbres 

 

« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » Psaume 115, 12 (TOB)

« Je me noie, je me perds, quand j’entre au profond abîme de ce monde ainsi prêtant, ainsi devant. Croyez que chose divine est prêter : devoir est vertu Héroïque » François Rabelais, Tiers-Livre, chap. 3 (texte modernisé).

 

Dans la cinquième demande du Notre Père, nous demandons le pardon de nos offenses « comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Or la version de l’évangile de Matthieu (6,12), adoptée par les différentes traditions chrétiennes, évoque une remise de dettes (en grec : opheilêmata). Le verset assimile, par le vocabulaire qu’il emploie, la faute, l’offense ou le péché à une dette. « Remets nos dettes comme nous remettons à qui nous doit 1. » Les traductions vernaculaires préfèrent en général traduire comme Luc lui-même a choisi de retranscrire la prière enseignée par Jésus en hébreu ou en araméen : en demandant le pardon des offenses (en grec : hamartias). Ce terme de dette passe donc bien souvent inaperçu.

Certaines versions du Notre Père, comme celle de la Vulgate utilisée dans la liturgie latine, accordent une importance à l’image de la dette : Et dimitte nobis debita nostra. Deux choix apparaissent donc dans la traduction de la cinquième demande : l’option pastorale qui privilégie la compréhension immédiate et celle qui cherche à maintenir fidèlement la lettre, quand bien même la traduction ne se suffirait pas à elle-même et exigerait une catéchèse. La première l’emporte souvent, comme le montre l’article de Paul-Victor  Desarbres2. Dans son article consacré à la modifcation adoptée en décembre 2017 par les catholiques francophones, « ne nous laisse pas entrer en tentation », le Père Denis Dupont-Fauville pose la question suivante : la traduction doit-elle faire l’économie de l’explication ? Ce cahier, en tout cas, a eu tout loisir de chercher à expliquer ce vocabulaire de la dette qui éclaire notre idée du péché et de l’obligation de pardonner à autrui.

Ce mot de dette nous invite à mieux comprendre le pardon des offenses que nous demandons à Dieu et que nous avons déjà reçu initialement. Il permet aussi de se confronter à certaines critiques lancées par Nietzsche contre la morale et la foi chrétienne. Enfn, il nous a semblé que l’image de la dette permet de mieux comprendre le péché en fonction d’une relation avec Dieu et avec nos frères, et donc d ’approfondir l’étrange articulation au cœur du verset : « comme nous-mêmes ». Nous sommes en effet placés dans une étrange attitude de débiteurs qui demandent à Dieu de ne pas être comptable de leurs offenses, en comptant sur les offenses qu’ils ont remises à leurs semblables. [...]

 

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1 Bible des écrivains, Bayard, 2001. 

2  Voir Paul-Victor Desarbres, À propos  des traductions de la cinquième demande, p. 49 du présent cahier.

Dossier : Traduire la sixième demande du Notre Père

Thomas Söding : La tentation – Le sens de la sixième demande du Notre Père ­    

À propos de la sixième demande, l’auteur, un grand exégète allemand, fait porter son analyse sur la « tentation » ; la divergence de traduction entre le français et l’allemand reflète une approche différente : ne pas infliger aux fidèles la tentation, ou bien leur épargner l’épreuve décisive.

Denis Dupont-Fauville : Sur la nouvelle traduction liturgique du Notre Père                

La nouvelle traduction liturgique du Notre Père, si elle vise à éviter la confusion, n'est elle-même pas exempte d'ambiguïté. Pour la préciser et la prolonger, l'auteur en propose une autre : nommer clairement le Mauvais, ou le Malin, que vise la dernière demande     

Signet

Angelo Scola : L’anthropologie de l’encyclique Humanae vitae        

Cinquante ans après l’encyclique Humanae vitae (1968), le cardinal Scola revient sur les présupposés anthropologiques d’un texte mal compris. 


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