Trinité et Eucharistie chez Blondel

La réflexion philosophique de Blondel identifie le Mystère trinitaire au lien substantiel du tout. La contemplation du mystère eucharistique s'en trouve enrichie : l'Eucharistie est le lieu concret de l'assimilation à la vie trinitaire elle-même. En elle, la vie de Dieu se diffuse dans l'action orientée vers l'unification suprême : « tout acte tend à être une communion ». S'approche ainsi la possibilité d'une « métaphysique de la charité ».

L’originalité de la pensée chez Blondel s’est développée, on le sait, au sein d’une riche constellation d’intuitions profondément enracinées dans le vécu chrétien ; au point que son oeuvre – et ce n’est pas uniquement à L’Action de 1893 que nous nous référons – gagne, pour être mieux comprise, à être relue comme mise en ordre, justification et évocation de ces intuitions. Il n’est pas inutile sans doute d’errer pour ainsi dire avec légèreté à travers cette constellation à la poursuite de l’association de Trinité et Eucharistie. Cette association n’apparaîtra sans doute pas avec une évidence immédiate. Et pourtant, ces deux thèmes majeurs de la foi chrétienne tantôt s’entrecroisent, puis se succèdent, se superposent  encore et se confondent sur la trajectoire qui traverse la pensée blondélienne tout entière : la question du vinculum substantiale. En partant d’intuitions cachées au coeur du vécu chrétien, et d’évocations souvent enchâssées  dans la production philosophique, nous pourrons noter combien le rapport Trinité/Eucharistie requiert encore l’effort de la pensée. [...]