Que nul d’entre vous ne lèse son frère »

Pour la célébration du Jubilé de l'an 2000 le Pape Jean-Paul II a proposé de revenir au sens initial de l'année jubilaire en demandant la réduction ou la suppression de la dette des pays sous-développés. Intention qui risque d'échouer, si les mesures prises - trop souvent inadaptées ou détournées de leur objectif premier - ne visent pas à rendre responsables de leur propre redressement les pays bénéficiaires, dans le respect de leur dignité.

«Vous déclarerez sainte la cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan (...). En cette année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre patrimoine (...). Que nul d’entre vous ne lèse son compatriote, mais aie la crainte de ton Dieu, car c’est moi Yahvé votre Dieu. » (Lévitique 25, 10.13.17.)

Un Jubilé qui n’est pas que spirituel

Le terme Jubilé dérive du mot hébreu Ibeewyo, qui signifiait initialement bélier (ou mouton), et qui par la suite prit le sens de corne du bélier, et finalement celui de la simple trompe faite avec cette corne. « Au son de la trompe » étaient annoncées toutes les fêtes les plus importantes pour Israël, et parmi elles celle de l’année sainte (c’est de là que vient le verbe jubiler) qui revenait tous les cinquante ans, toutes les « sept semaines d’années ». Pendant ce long sabbat on ne moissonnait pas, on ne vendangeait pas, les terres devaient revenir à leur propriétaire initial s’il les avait vendues, les esclaves hébreux retrouvaient la liberté, et de plus les dettes étaient effacées (Lévitique 25, 8-55 ; 27, 16-25).

Il s’agissait là d’une loi visant la grande priorité foncière qui fut abandonnée assez rapidement (Isaïe 5,8 montre qu’elle n’était plus en usage après la conquête de Canaan, et il est sûr que l’année jubilaire ne fut plus célébrée après l’Exode), faisant place à une interprétation plus typiquement spirituelle du Jubilé. Dans Isaïe 61, 1-2, cette signification essentiellement religieuse du Jubilé est mise en relief, et Jésus lui-même avait repris ce passage du prophète en se l’appliquant à lui-même (Luc 4, 18) : l’année jubilaire qu’Il promulgue est un « sabbat éternel » de libération, de pardon et de lumière. [...]

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