Le Royaume de Dieu selon Kant

Mme Marie-Christine GILLET-CHALLIOL
La venue du Royaume - n°189 Janvier - Février 2007 - Page n° 43

Si pour Kant la communauté éthique est le Royaume de Dieu, le principe même de la morale kantienne tend à faire de ce Royaume celui de l'homme et non celui de Dieu. Le Royaume de Dieu ne saurait être une exigence de la raison humaine, mais l'invitation faite à l'homme de répondre à l'amour divin.

PARLER du Royaume de Dieu selon Kant peut d’abord sembler quelque peu surprenant. Kant est en effet le philosophe de la loi morale qui n’oblige qu’en vertu de sa force propre, de l’impératif catégorique qui échappe à toute condition. La loi morale est l’expression en l’homme de sa liberté, qui est au sens propre autonomie. Elle est la possibilité d’accomplir une action par devoir et uniquement par devoir, et non parce que j’en attends un quelconque avantage, ne serait-ce que la satisfaction personnelle d’avoir bien agi, mais pas davantage parce qu’une quelconque autorité extérieure à moi me l’a prescrite. Il en découle logiquement une critique de toute morale hétéronome (l’expression même étant selon Kant contradictoire), ce que fut toute tentative de philosophie morale jusqu’alors et ce qu’est plus encore toute morale liée à une religion, d’emblée disqualifiée par son origine transcendant la raison humaine. Nous retrouvons l’image traditionnelle du philosophe des Lumières, c’est-à-dire, selon la propre définition de Kant, celui qui ose «savoir par lui-même», rejetant toute autorité extérieure conçue comme tutelle indigne de l’homme parvenu à l’âge adulte1. C’est pourtant de façon plus complexe qu’il faut comprendre la position de Kant vis-à-vis de la religion, qui est elle-même à articuler au statut de Dieu dans la philosophie kantienne.

 

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1. «Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des Lumières.» Réponse à la question: Qu’est-ce que les Lumières? KANT, Œuvres philosophiques, La Pléiade, t. II, p. 209. Remarquons que la tutelle ecclésiastique n’est ni la seule ni sans doute la plus importante de celles ici dénoncées par Kant. Il s’agit en effet tout aussi bien du «livre qui me tient lieu d’entendement» que du «médecin qui juge de mon régime à ma place». ID.
 


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