n°27 La Passion Janvier - Février 1980*


Claude Bruaire : Crucifié — pour nous

Ni suicide, ni sacrifice, la mort du Christ est par-dessus tout la révélation d'un amour qui fût, sinon, resté impensable.

Problématique

Jozef de Kesel : La Croix du Christ : le noyau irréductible de la foi

Pourquoi Jésus a-t-il été condamné ? Pour s'être dit le Messie, le Fils de Dieu, bien sûr. Mais surtout pour avoir, en actes, prouvé qu'il l'était vraiment.

Martin Hengel: La « folie » du Fils crucifié

Que la Croix ait été d'abord l'évocation humiliante d'un fait atroce et répugnant, c'est ce que montrent les réactions des premiers témoins païens et chrétiens. Et c'est ce fait qui disqualifie toutes les tentatives pour rendre la croix anodine, voire acceptable.

Gustave Martelet, s.j. : « L'Agneau prédestiné avant la fondation du monde »

La crucifixion marque le centre de l'histoire humaine, parce qu'elle appartient, plus radicalement, à l'éternité de Dieu — comme implication de la plénitude de la Création et de la révélation trinitaire.

Ysabel de Andia : La passion du Verbe et la compassion de Dieu

Dieu souffre-t-il ? Oui, puisqu'il éprouve la souffrance de l'homme qu'en Jésus il est devenu. Oui aussi, puisqu'il compâtit, d'une passion divinement accordée à la souffrance humaine, à la peine des hommes. Dieu souffre peut-être plus que l'homme, parce qu'il aime plus que lui.

Ricardo Blazquez : Pour nous, Dieu a livré son Fils

La Croix oblige à prendre au sérieux la liberté des hommes et le péché du monde, la fidélité de Jésus et le dessein de Dieu. Le Père a pris le risque de nous livrer son Fils — pour nous sauver. La Croix n'a de sens que dans la lumière de la Résurrection.

Hans-Urs von Balthasar: Crucifixus etiam pro nobis : le mystère de la « substitution »

La souffrance du Christ n'est infinie que pour racheter le péché de toute l'humanité. Que pareille « substitution » réparatrice surprenne la mentalité contemporaine ne change en rien sa nécessité théologique, ni surtout son affirmation traditionnelle. Restent à en préciser la signification et les modalités.

Intégration

Xavier Tilliette, s.j. : Philosophie et théologie de la Croix

La philosophie n'a pas ignoré la Croix. Au vu de l'inter-prétation (géniale, mais dangereuse) de Hegel, on pourrait même craindre qu'elle ne l'ait trop reconnue. Mais la philosophie peut aussi donner les outils conceptuels pour mieux contempler ce qui fait de la Croix l' « athéisme » suprême : le silence de Dieu sur Dieu et à Dieu.

Yves Sjöberg : L'image du Christ en Croix

Représenter le Crucifié, c'est peindre et reproduire l'hor-reur et l'infamie. Mais c'est aussi confesser et manifester le triomphe de l'amour. L'image du Crucifié peut légitimement osciller d'un pôle à l'autre.

Attestations

Jacek Salij, o.p. : La Mère de Dieu au pied de la Croix, « type » l'Eglise

Plus que toute autre créature, Marie a pu intimement partager l'expérience de la Croix. Elle en est devenue Mère une seconde fois : Mère de l'Église. Ainsi assiste-t-elle chaque homme au moment de sa mort, de sa mort au péché, de sa mort pour le Christ : elle est la Mère des martyrs.

Jean-Marie Dubois de Montreynaud : La mort, c'est la vie

La mort nous effraie avant de nous tuer. Mais si nous savons que son caractère inéluctable ne change rien à notre liberté, alors elle peut changer notre vie avant de nous faire changer de vie. C'est ce qu'a pu comprendre un médecin en parlant avec ses malades.

Joseph Lescrauwaet, m.s.c.  : Le signe paradoxal

Le signe de croix n'est pas seulement un signe de recon-naissance. Déjà presque sacramentel, il marque celui qui le fait d'une appartenance au mystère de la mort et de la Résurrection. Se signer, c'est s'inscrire dans l'événement du Christ en l'attestant.

Signets

Pierre Martin-Valat: Bible et enseignement, ce que croyait Dominique

La Bible est le fondement de la culture religieuse — et de la culture tout court. Sans doute est-il urgent qu'on le redécouvre, et que l'enseignement ne fasse plus de l'Ecri-ture une lettre morte.

Jean Mouton : Dominique : une fidélité de toutes les saisons

"Un saint pour toutes saisons " est évidemment le saint le plus recherché. Ne serait-ce pas le cas de saint Dominique ?

Crucifié - pour nous

Claude Bruaire

Ce qui est folie pour les hommes est sagesse de Dieu... Mais folie pour quelle sagesse humaine ? Jésus, Fils de Dieu, mourant sur une croix, voilà sans doute qui ne peut être contenu dans « les limites de la simple raison ». Mais quelle raison fixe ainsi à l'avance les limites de ce qui est convenable à Dieu ? Avons-nous épuisé les res-sources de la pensée quand nous restons fixés à des représentations figées du divin, celles de l'impassible, de l'invulnérabilité, de l'identique et de l'immobile ? N'avons-nous pas, pour toute « sagesse », paresseusement assimilé l'absolu de Dieu à une chose morte ?

La Croix est pierre d'achoppement, étant ainsi l'injonction à délaisser des préjugés qui tiennent lieu de sagesse, à réanimer l'interrogation et la recherche de la vérité de Dieu, à renverser les interdits à son absolue liberté, à écouter la révélation de son secret. Car Dieu révèle ce qu'il est, au temps même où sa vie humaine expire.

Mais le scandale se redouble par le plus étonnant des paradoxes. Lors-qu'un homme se voue à la mort, librement, lucidement, c'est de deux manières : celle du sacrifice, dans l'abnégation de soi pour que d'autres vivent, et celle du suicide qui enferme en sa solitude désespérée l'ultime défi de la liberté. La mort du Christ n'est d'aucune de ces deux manières de vouloir mourir.

Nous n'abusons pas du mot, cependant, en parlant du « sacrifice du Christ ». Nous lui donnons, au contraire, son plein sens. Mais précisé-ment, ce sens transgresse infiniment celui du sacrifice tout humain, qui laisse place et fait vivre, mais ni n'associe ni n'exhausse à la vie plénière ceux pour lesquels on se sacrifie. Seul le sacrifice du Christ est donc révélation, dans toute la mesure, infinie, où il est accomplissement, nous prodiguant l'amour du Fils, le don pur de soi à l'Origine paternelle : le Fils est Dieu pour ne rien garder de lui-même, de son être engendré. Il nous faut tenter de penser en notre foi la mort du Crucifié comme le sacrement du don divin qui fait vivre divinement, éternellement, absolu-ment, le Fils de Dieu.
C'est ce don de soi sans réserve qui est vérité de l'abnégation dans l'obéissance mortifiante, car il est seul accomplissement de la fidélité de tout l'être à l'initiative absolue du Père. Dès lors, peut reprendre sens, en cette lumière de la croix, une obéissance du chrétien qui soit un mani-feste de sa liberté.
Cependant, la mort de Jésus, toute volontaire, est ce qui exhausse et exalte la vie, dont le salut est alors la Promesse. C'est pourquoi le chris-tianisme contredit les contempteurs de la vie et combat le dolorisme multiforme comme la complaisance douteuse dans l'échec. Mais, dès lors, la mort du Christ est tout le contraire du suicide qui défie la vie. Si la mort peut fasciner, dans le temps où elle nous angoisse, c'est sans doute qu'elle s'annonce comme la propriété absolue, imprenable et impartageable de chaque personne singulière : solitude pure qui atteste ultimement l'Unique de chaque liberté. C'est ainsi que le suicide est le contraire exact de la mort « pro nobis ».

La mort du Christ en croix est donc révélation de Dieu dans la stricte mesure où elle est inassimilable aux deux manières humai-nes de se donner la mort, de se donner à la mort. La voie semble étroite pour éviter une sagesse trop humaine, sourde à la sagesse de Dieu. Dans ce numéro de Communio, chacun s'est efforcé de la suivre, avec ses propres ressources. Ce ne serait pas peu si seulement nous en avions bien repéré l'accès.
 

Pierre Martin-Valat: Bible et enseignement, ce que croyait Dominique

La Bible est le fondement de la culture religieuse — et de la culture tout court. Sans doute est-il urgent qu'on le redécouvre, et que l'enseignement ne fasse plus de l'Ecri-ture une lettre morte.

Jean Mouton : Dominique : une fidélité de toutes les saisons

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