Notre École et notre foi chrétienne

Homélie prononcée à Saint-Jacques du Haut-Pas lors de la messe du 22 octobre 1994 pour le bicentenaire de l'École Normale Supérieure.

La religion normalienne et la foi au Christ

Dieu sait, et nous aussi, que notre École a par elle-même une figure religieuse : avec ses célébrations, ses fidèles, ses grands prêtres et aussi — ce qui est moins glorieux — ses schismes et ses excommunications, sans oublier les traversées du désert...

Bref, pour le pire et aussi pour le meilleur, le cloître de la rue d'Ulm est un haut lieu de croyances qui fournit à ses initiés des raisons de vivre, de penser, et surtout d'enseigner, d'éduquer, de former des plus jeunes à cette religion qui est la nôtre et dont les valeurs maîtresses s'appellent liberté, respect des autres, et désir toujours neuf de chercher ce qui est`vrai, et ce qui est juste.

Et pourtant, face à tant de valeurs quasiment religieuses, nous n'avons aucun scrupule à confesser ici, ce matin, que c'est la foi chrétienne qui nous rassemble pour cette Eucharistie. Oui, nous sommes disciples de Jésus, le Seigneur. Et
nous le sommes souvent à la manière de cet homme de l'Évangile nommé Nicodème. Nous n'en finissons pas de naître à la foi, d'aller vers Dieu et de découvrir qu'en réalité, c'est Lui qui vient à nous, et qui nous propose cette révétion bouleversante de Vérité et de Vie : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. »

Quels que soient nos chemins, et Dieu sait qu'ils sont multiples, c'est cette promesse du Christ qui donne son plein sens à nos désirs, à nos recherches, et même à nos échecs et à nos épreuves. Nous sommes des chrétiens ordinaires, mais notre originalité, c'est d'être partout, dans l'Université et dans la recherche scientifique, dans la diplomatie et dans les affaires économiques, dans le privé et dans le public, et même dans la vie religieuse et dans le ministère pastoral. Le plus étonnant, ou le plus beau, c'est que nous nous habituons sans peine à cette grande diversité. [...]

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