La tradition arabe chrétienne

L'Occident ne s'en doute même pas : Il existe douze millions de chrétiens de langue arabe, témoins fidèles de la foi chrétienne devant l'islam, intermédiaires indispensables de tout dialogue islamo-chrétien dans leur région, voisins de l'Afrique qui va entrer en synode.

« Grâce à la guerre du Golfe, nous avons su où était l'Irak », nous disaient quelques journalistes. Et certain professeur présentait le Proche-Orient à ses élèves en identifiant Arabes et musulmans ; car presque personne ne sait qu'il existe environ douze millions d'Arabes chrétiens. Je n'oublie pas non plus qu'à la question de mes premiers amis italiens : « Tu es Arabe, c'est-à-dire : musulman ? » je répondis : « Mes parents, mes grands-parents, mes bisaïeuls, tous, nous sommes chrétiens. »

Les chrétiens d'Occident oublient que la religion chrétienne est née en Orient. L'idée des Occidentaux sur le monde arabe est faussée par plusieurs facteurs : mauvais cinéma, littérature romanesque, information absente ou déformée, impression superficielle tirée de brefs séjours de tourisme ou d'affaires. Il est donc nécessaire d'étudier de plus près la tradition arabe chrétienne, et d'abord la tradition ancienne, qui, héritière des traditions grecque, syriaque et copte de nos ancêtres, appartient au patrimoine arabe tout court. Cette tradition s'étend du Proche-Orient à l'Espagne ; culturellement, elle se rencontre avec les traditions susdites, outre la latine et l'arménienne ; inclus dans la tradition syriaque, on distingue des filons maronite, chaldéen ou assyrien ; enfin, dogmatiquement, la tradition arabe chrétienne se divise en trois confessions. [...]