Eberhard STRAUB
Les nations
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n°112
Mars - Avril
1994 - Page n° 61
La monarchie des Habsbourg fut une véritable Europe supranationale de la noblesse, du catholicisme et de la latinité. Cette Europe-là n'est plus possible aujourd'hui. Seul reste un internationalisme unificateur et démocratique aux préoccupations plus économiques que spirituelles.
«Unius linguae uniusque moris regnum imbecille et fragile est », un royaume doté d'une seule langue et d'une seule sorte d'usages est faible et fragile, comme le remarqua un jour saint Étienne, le roi de Hongrie. Il ne faisait qu'exprimer ce qui, dans une Europe aristocratique, demeura une évidence jusqu'au jour où la bourgeoisie se constitua en nation et s'apprêta, grâce à son idée d'une nation une et indivisible, à anéantir les formes concrètes et particulières de la vie, « afin que le tout, cette entité abstraite, puisse continuer sa vie médiocre », comme Friedrich Schiller, citoyen d'honneur de la République française, le nota amèrement. Similitude de langue, de moeurs, de droit et de conditions de vie, tel fut le but pratique de la conscience nationale, qui s'imposa dans des territoires sans unité dont elle fit de grandes individualités, par lesquelles chaque esprit national prit une forme immuable et s'opposa résolument aux autres.
L'Europe des nobles
L'idée démocratique, soeur jumelle de l'État-nation, ne peut que chercher à égaliser et homogénéiser ce qui est divers, afin de faire de la masse un peuple souverain, un sujet de droit. Pendant les temps aristocratiques, bien au contraire, les particularités, les libertés qui, dans leur ancienneté, étaient le véritable droit, étaient ménagées, parce que le principe aristocratique réclamait qu'on puisse clairement et immédiatement distinguer les différents groupes
sociaux. [...]
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