M. Olivier CHALINE
Les nations
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n°112
Mars - Avril
1994 - Page n° 5
La nation n'est pas immédiatement un concept théologique. C'est en vain qu'on en chercherait une définition précise donnée par les papes, alors même que ces derniers ont abondamment parlé du nationalisme. À plusieurs reprises, de Benoît XV à Jean-Paul II, la papauté a mis en garde les fidèles contre les perversions de la nation en montrant comment l'amour légitime de la patrie pouvait devenir « un germe d'injustices et d'iniquités nombreuses » (Pie XI). Elle s'est bien gardée d'avancer une définition politique d'une réalité aussi complexe et mouvante. Ce silence n'est pourtant qu'apparent, car l'Église permet de penser la diversité des nations.
Le statut de la nation est celui d'une forme utile, légitime dans son ordre mais provisoire et nécessairement multiple. Si l'Église parle de la nation, c'est parce qu'elle comprend la multiplicité des nations dans l'ensemble de l'histoire du salut. Il y a deux récits dans la Bible pour en rendre compte : l'alliance de Noé et Babel, tous deux dans le livre de la Genèse. Si les modalités varient, il n'en demeure pas moins qu'à chaque fois, la diversité des nations et des langues est la conséquence de la dispersion due au mal, conséquence indirecte du déluge lorsque les fils de Noé repeuplent la terre, mais aboutissement immédiat après la fausse unité de Babel.
Les nations sont alors des moyens pour éviter le mal absolu dans la rébellion générale de l'humanité contre Dieu. [...]
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