Réflexions sur la presse catholique française : l'exemple de Bayard Presse.

Communio a demandé à Yves Beccaria, qui a dirigé de 1982 à 1993 le groupe Bayard Presse (qui comprend notamment le quotidien La Croix), ses réflexions sur la presse catholique française, à partir de son engagement et de son expérience personnels.

Vous avez exercé l'ensemble de votre carrière au sein de la presse catholique. Quel est le sens de cet engagement ? 

J'appartiens à une génération qui doit beaucoup à l'Église. Je me sens fils de l'Église. Par les médias, j'ai voulu redonner au plus grand nombre une part de ce que j'avais reçu. L'Église nous a appris à nous battre pour les autres ; elle nous a appris l'importance du silence, de la prière ; elle nous a appris la fidélité ; elle nous a appris à dépasser l'échec et la réussite. On peut comprendre mon engagement dans la presse catholique comme un acte filial de partage de ces richesses. 

— Vous parlez d'acte filial. On a plutôt l'impression que les relations entre l'Église et la presse catholique sont une question de rapports de force, voire de méfiance réciproque. 

C'est bien là le drame. Il faudrait que l'Eglise et les médias qui se réclament d'elle s'aiment tellement qu'ils ne doutent pas l'un de l'autre. Dans un couple, le mari ou la femme prend spontanément la défense de son conjoint lorsque celui-ci est attaqué. En revanche, si le doute s'installe, tout peut dégénérer très vite ; on en vient à suspecter toute parole de l'autre. La difficulté, dans la situation qui nous intéresse, vient de ce que l'Eglise dispose de moins de moyens matériels que les entreprises de presse et qu'elle peut se sentir démunie face à elles. Si l'Église se sent forte, elle [...]