La bonté chez saint Augustin, Denys et saint Thomas

La réflexion sur la bonté divine et humaine témoigne de l'optimisme de la pensée chrétienne : chez saint Augustin, saint Thomas et Denys, l'agir divin et ensuite humain est, en dernière instance, prédéterminé par la bonté à laquelle la création est intimement associée. Bonté inscrite au coeur des créatures pour qui, malgré la déchéance liée à leur finitude, l'existence est un bien...

Dans le langage quotidien, le mot « bon » désigne le plus souvent une qualité. Nous qualifions de bonne toute chose ou action pouvant produire sur une autre un effet bienfaisant. Tout ce qui possède une efficacité créatrice ou providente semble pouvoir recevoir à juste titre le qualificatif de « bon ». Est donc bon ce qui est susceptible soit de faire venir à l’existence ce qui n’est pas encore, soit de préserver dans l’existence ce qui est déjà. Est mauvais, en revanche, ce qui contribue à la déchéance de ce qui existe déjà.

Cependant, cette vision binaire du réel ne résiste pas à une inspection un peu plus approfondie. En effet, comment ne pas voir que ce qui préserve la vie d’un étant est à la fois cause de mort pour un autre ? Est-ce à dire que le mouvement qui engendre de l’être produit en même temps du non-être ?

Si tel est le cas, la bonté ne serait alors qu’une question de point de vue, et donc entièrement relative à la position de celui qui prédique cette qualité. Cette réponse habituelle n’est pas sans difficulté, d’autant plus que généralement notre conception de la bonté n’est pas sans conséquence sur notre comportement, une chose pouvant aussi être qualifiée de bonne en tant qu’elle nous attire vers elle, c’est-à-dire en tant qu’objet de désir. Si la bonté n’est que relative, qu’est-ce qui nous empêcherait de tendre vers quelque chose dont nous avons la certitude qu’elle représente pour nous un bien-être ?

L’on entrevoit ici le danger du relativisme et donc l’intérêt de rechercher le caractère absolu, non-relatif de la bonté. [...]

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