La sixième béatitude et la conscience du Christ

La vision de Dieu promise aux cœurs purs est déjà pour Jésus une réalité de tous les instants. C'est pourquoi la pureté du cœur ne se comprend qu'à partir de la personnalité unique du Christ, qui vit son humanité d'une façon unique et inouïe, celle du Fils de Dieu fait homme.

La vision de Dieu, le privilège des coeurs purs, n'est pas pour Jésus Christ une promesse, c'est une réalité de tous les instants. « Il possédait d'emblée et en perfection cette pureté complète, cette ressemblance, cet accord avec l'Ami divin... vers laquelle tend l'extrême perfection de la vie intérieure... Nulle part au monde la transparence d'une âme profonde ne s'est mirée en une eau plus calme : Bienheureux les purs de coeur... Sa vie coule de source et sur un lit de sable... ». Lorsqu'il « essaie de résumer, de son trait le plus frappant la vie intime du Sauveur », le Père Léonce de Grand-maison, que je viens de citer, s'arrête « à ce qu'on (lui) permettra d'appeler sa limpidité », et il «ramasse ses impressions dans le mot qu'employait de préférence la grande mystique gênoise sainte Catherine Fiesca Adorna, pour rendre ce qu'elle contemplait en Dieu : Nettezza ! De la pure plénitude de l'Être divin, la vie intime de Jésus offre la plus belle image qu'il ait été donné aux hommes de contempler. Les richesses évangéliques, pour autant qu'on peut sommairement les inventorier, trouvent leur ordre, leur équilibre et leur achèvement dans l'incomparable limpidité de cette âme ».

Jésus-Christ, miroir sans tache du Père, expression immaculée de l'Amour divin : c'est ainsi que les Saints l'ont connu, adoré et suivi ; et toute existence tant soit peu contemplative porte au fond d'elle-même l'image indéfectible. Cette « image du Christ », les écrivains spirituels, d'Origène à Bérulle, d'Augustin à Pascal, à Newman, à Lacordaire... l'ont perpétuée et sans cesse renouvelée. [...]