Émile POULAT
Eglise et Etat
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n°165
Janvier - Février
2003 - Page n° 61
L'église de France a traversé une double séparation : avec la royauté, avec l'état un siècle plus tard. Dans la situation radicale et codifiée où elle doit vivre, elle a tendance à sous-estimer sa force et à surestimer sa place.
L’Église et l’État (ou les États), c’est l’aigle à deux têtes de feue la Chrétienté, qui, comme le phénix, ne cesse de renaître de ses cendres : parce qu’on n’a jamais réussi à s’en débarrasser, parce qu’on n’a jamais su comment remplacer
cette problématique, plus profondément sans doute parce qu’on n’en voyait ni la raison, ni l’utilité. C’était une habitude de pensée et une commodité de langage trop ancrée dans l’histoire européenne et dans la doctrine catholique pour qu’on y renonçât spontanément. Aujourd’hui encore, on n’y échappe pas. Et cette tyrannie intellectuelle, cette emprise notionnelle empêche la formation d’une pensée neuve qui ferait droit tout autant à la situation présente qu’aux exigences chrétiennes.
I. Prolégomènes
L’Église et l’État, ce fut, traduite en 1937, l’objet d’une grosse « étude de sociologie historique » de don Luigi Sturzo, fondateur en 1919 du Parti populaire italien. L’Église et l’État en Italie, traduit en 1960, c’était, cinq ans plus tôt, sous la plume d’Arturo Carlo Jemolo, le résumé d’une vie d’enseignement à Rome. Toute la génération suivante a essayé de dépasser cette perspective en s’attachant à l’histoire du mouvement social catholique et à sa matrice « intransigeante
». En France, dans le même temps, Gabriel Le Bras s’attachait à l’histoire du « peuple chrétien » (qui n’est pas « le peuple de Dieu » redécouvert à Vatican II). [...]
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