Option pour les pauvres, universalité du salut

LA vérité évangélique a beaucoup de facettes. Son mystère et sa plénitude sont tels qu'elle ne peut être récapitulée ni épuisée dans une seule affirmation. D'où les aspects paradoxaux de tant d'attitudes et d'affirmations du Christ dans l'Évangile qu'il n'est pas facile d'harmoniser les unes avec les autres.

Mais un paradoxe n'est pas une contradiction. Les différentes facettes de la Vérité ont beau paraître opposées, elles se complètent entre elles si parfaitement qu'aucune d'elles ne peut-être affirmée ou pensée séparément de l'autre sans perdre quelque chose de sa propre signification.

Telle est, à mes yeux, la double évidence évangélique sur laquelle je me propose de méditer : les pauvres sont les privilégiés du Seigneur, et le Seigneur aime d'un amour jaloux tous les hommes. Ceci veut dire pratiquement que, non seulement il n'existe aucune contradiction entre l'amour universel, du Christ pour tous les hommes et son amour préférentiel pour les pauvres, mais que chacun de ces deux amours ne peut se comprendre qu'à la lumière de l'autre. C'est par leur vocation à l'amour universel, que les pauvres sont les préférés du Seigneur, et c'est seulement en vivant l'esprit de pauvreté que tous les hommes peuvent devenir les préférés du Seigneur. Les affirmations de Jésus en saint Matthieu et de saint Paul dans la Lettre à Timothée se complètent et s'éclairent mutuellement : « Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux » (Matthieu 5, 3) et «Dieu notre sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité » (1 Timothée 2, 4). (p.23)

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François FRANCOU