Père Jean-Robert ARMOGATHE
Violence et religions
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n°251
Mai - Aout
2017 - Page n° 153
Poète, romancier, peintre, Max Jacob (1876-1944) a vécu une conversion tourmentée et chaotique, d’un judaïsme agnosique à un catholicisme teinté d’occultisme, enrichi d’expériences mystiques surprenantes. Son œuvre se déploie entre l’écriture et les Écritures, l’encanaillement bohème et l’ascèse chrétienne, jusqu’au dépouillement de sa mort au camp de Drancy.
Inclassable et toujours à l’écart, Max Jacob reste une figure centrale de la littérature française du XXe siècle. De sa biographie foisonnante, nous n’avons retenu qu’un seul trait, pour lui le plus essentiel : son attachement au catholicisme. L’étude de sa pensée religieuse fait encore défaut1, et ce court essai ne prétend nullement en tenir lieu. Enfin de cette oeuvre monumentale2, la Correspondance (20.000 lettres ?) n’est que partiellement publiée, pour une quarantaine de correspondants3.
Né dans une famille juive non pratiquante, venue de Sarre jusqu’en Bretagne, Max-Jacob Alexandre commence des études brillantes pour se lancer, à vingt-et-un ans, dans la fête parisienne. Il y connaît des années noires, entre aventures sexuelles, consommation de drogues et réflexions mystiques. À trente-trois ans, au soir du 22 septembre 1909, il voit sur le mur de sa chambre une figure :
Je suis revenu de la Bibliothèque nationale, j’ai déposé ma serviette, j’ai cherché des pantoufles et quand j’ai relevé la tête, il y avait quelqu’un sur le mur, il y avait Quelqu’un. Ma chair est tombée par terre ! Le corps céleste est sur le mur de ma pauvre chambre. Pourquoi, Seigneur ? Oh ! pardonne-moi ! il est dans un paysage que j’ai dessiné jadis. Mais Lui ! quelle beauté, élégance et douceur ! Ses épaules, sa démarche ! Il a une robe de soie jaune et des parements bleus. Il s’est retourné et je vois cette face paisible et rayonnante4…
« Au lieu de femme un jour j’avais rencontré Dieu » (LC 1921)
Dans la chapelle des Soeurs de Notre-Dame de Sion, le 18 février 1915, il reçoit au baptême le prénom de Cyprien. Pablo Picasso est son parrain. Il lui offre l’Imitation de Jésus Christ.
Le 9 novembre 1918, il est au chevet de Guillaume Apollinaire qui meurt à 38 ans de la grippe espagnole. Autour de lui, se trouvaient Jean Cocteau et Pablo Picasso (et Amelia Kolb, dite Ruby, « la jolie rousse » de Calligrammes). Le lendemain, à la Basilique du Sacré-Coeur, il entend les paroles : « N’ayez pas peur » [...]
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1 Lacune comblée en partie seulement par Christine Van Rogger-Andreucci, Poésie et religion dans l’oeuvre de Max Jacob, 800 p., Paris, Champion, 1994. La bibliographie des publications a été établie par Maria Green (en collaboration avec Christiane Van Rogger-Andreucci), P.U. Pau, 2000.
2 Nos références renvoient à l’édition d’A. Rodriguez, Quarto, Gallimard 2012, 1824 p.. La défense de Tartufe est abrégée en DT ; Le laboratoire central, LC.
3 Bibliographie citée n. 1, p. 80-122.
4 DT 1919, p. 471, voir aussi « Récit de ma conversion » 1939, p 1475-1476.
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