Le droit naturel : une fonction critique

Pourquoi le droit qui organise chaque société ne lui suffirait-il pas – du moins pour être un droit ? Pourquoi faudrait-il en appeler à un droit universel, ou prétendu tel ? Et à supposer qu’un tel droit fût imaginable, comment ne constituerait-il pas un simple idéal ? Par quelle illusion théorique le nommerait-on droit naturel, dans la fiction d’une nature pure et comme si tout droit n’était pas un effet de culture.

Sans doute ce premier paradoxe provient-il d’une exigence de fondement. Il est essentiel aux sociétés occidentales d’être à la recherche de principes d’action, et en particulier de législation, dont la justice pourrait être fondée autrement que sur le simple fait qu’ils sont énoncés dans un code juridique particulier, historiquement et géographiquement situé. Il est en effet vital pour elles de vouloir toujours que ces principes ne relèvent pas seulement d’opinions ou de valeurs arbitraires – ces opinions et ces valeurs fussent-elles communément soutenues par une majorité à un moment donné quelconque, selon le modèle d’un partage des représentations ; car, comme l’écrivait saint Clément d’Alexandrie au IIIe siècle, « la loi, ce n’est pas ce qui fait loi par l’usage ; l’opinion fausse ne fait pas loi. La loi est l’opinion bonne ; la bonne, c’est la vraie, celle qui découvre et atteint ce qui est »1. Mais, précisément, les problèmes surgissent aussitôt qu’est posée la question de savoir où chercher la légitimité de principes d’action et de législation qui pourraient échapper aux caprices des temps et des lieux. [...]

 

 

 


1. Stromates, I, 25, 166, 4, SC, n° 30.


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