La question du développement dogmatique chez Newman

Mgr. Olivier DE BERRANGER
Art et Créativité - n°216 Juillet - Aout 2011 - Page n° 109

Pour le cardinal Newman, la question du développement est d’abord un « principe philosophique remarquable », qui s’éclaire par « l’idée du christianisme ». Sa réflexion originale, étrangère à la pensée scolastique, étant indissociable de sa propre quête de vérité, il cherche à montrer comment celle-ci devint l’épure d’un « vrai développement ». Il a permis aux théologiens de penser historiquement, grâce à une méthode de recherche sur le dogme où est pleinement assumé l’ethos de l’Église dans l’histoire du monde. Son oeuvre n’a pas fini d’inspirer la théologie.

 

En 1990, pour le centenaire de la mort de John Henry Newman, le cardinal Joseph Ratzinger, retraçant son propre itinéraire théologique, déclara avoir trouvé, dans une étude d’Heinrich Fries « l’accès à la doctrine de Newman sur “l’évolution du dogme” ». « Je la considère, affi rma-t-il alors, ensemble avec sa doctrine de la conscience, comme sa contribution décisive au renouveau de la théologie. Ainsi, il mit entre mes mains la clé qui nous permit d’inclure la pensée historique dans la théologie, mieux, il nous apprit à penser la théologie historiquement, nous donnant la possibilité de reconnaître l’identité de la foi à travers ses changements (...). Je pense que l’apport de Newman n’a pas encore été exploité par la théologie moderne. Il contient des possibilités fécondes qui attendent d’être développées1. »

Sans prétendre répondre à cette lacune, mais, dans l’espoir que d’autres s’en saisiront, je m’efforcerai d’ordonner divers aspects de la question du développement dans la pensée de Newman. En ayant toujours présent à l’esprit que nous avons affaire à une pensée originale et dont les sources, outre l’Écriture et les Pères de l’Église, sont puisées dans une tradition anglaise généralement ignorée chez nous, je distinguerai deux préalables au bref exposé de sa méthode et de la critériologie qu’il propose en vue de distinguer un vrai développement de ses corruptions. Le premier préalable, selon ce qu’il en dit lui-même en 1864 dans son Apologia, est que « le principe du développement de la doctrine dans l’Église chrétienne » auquel il s’est « entièrement consacré » à partir de la fin
1842 à Littlemore, lui apparut d’abord comme un principe philosophique. [...]

 

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1. Newman, un maître dans l’Église, conférence reproduite dans l’Osservatore romano, 9 août 2005. La thèse d’Heinrich FRIES sur La philosophie de la religion chez Newman fut publiée à Stuttgart en 1948.


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