Mariage et famille dans la sacramentalité de l’Eglise — défis et perspectives

Pour repenser en fonction de la famille toute la pastorale de l’Église, il est nécessaire de préciser le lien organique entre le sacrement de mariage et la sacramentalité de l’Église, dont la mission, comme Corps et Épouse du Christ, est de répandre la communion trinitaire dans l’humanité. Il s’agit là d’un préalable indispensable à toute réflexion sur la famille et le mariage.

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Introduction

  Le prochain Synode romain des Évêques sur le thème de la famille suscite un intérêt sans précédent dans l’Église, tant à cause de l’urgence et de la gravité des problèmes pastoraux concernés que par les espoirs et les attentes exprimés dans les consultations en cours.

Déjà au concile œcuménique Vatican II, la Constitution pastorale Gaudium et Spes plaçait le mariage et la famille au premier rang des questions urgentes de notre époque². Depuis l’Encyclique Humanæ Vitæ, le Synode des Évêques de 1980 sur la famille et tout le pontificat de Jean-Paul II³, l’Église n’a pas cessé de suivre avec une préoccupation croissante l’évolution des mœurs et des mentalités qui s’éloignent, surtout en Occident, de l’héritage transmis par la révélation biblique et la tradition chrétienne.

  Le Pape François a comparé la mission de l’Église dans le monde actuel à un « hôpital de campagne⁴ » qui traite les nombreux blessés jonchant le sol sur un champ de bataille. L’image convient parfaitement à la situation du mariage et de la famille qui connaît depuis quelques décennies une grave détérioration non seulement au plan du vécu des couples, mais aussi du côté des législations contraires aux valeurs traditionnelles de l’institution familiale, promues par des groupes de pression à la faveur de la mentalité relativiste dominante.

  Nous constatons à l’heure actuelle l’ampleur du phénomène, la complexité des situations matrimoniales, la lenteur des procédures juridiques d’examen de la validité des unions, l’exemple de la tradition orthodoxe et les pratiques non officielles qui se répandent par souci pastoral. À cela s’ajoute la vague d’espoir que soulève la prédication du Pape François. Cet ensemble de facteurs exige, de la part des pasteurs, une réflexion et des initiatives créatrices qui répondent aux nouveaux défis de l’évangélisation.

 1 Cette conférence a été prononcée à Valence (Espagne) à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire du tribunal ecclésiastique, le 27 mars 2014.

2 Cf. Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes sur l’Église dans le monde de ce temps, 7 décembre 1965, 2e partie, chapitre I, n. 47-52 (désormais GS).

3 Voir bibliographie à la fin de cet article.

4 « Interview du Pape François aux revues culturelles jésuites. Réalisée par le P. Antonio Spadaro, sj », Études, vol. 419, n. 4, octobre 2013, p. 14.