La foi est-elle transmissible ?

Parler de transmission de la foi ne doit pas induire en erreur. Les chrétiens ne transmettent pas une information ou un objet. Justement parce que leur foi n’est pas cela¹. Transmission veut dire pour eux tradition bien plus que diffusion. Mais là encore, il ne faudrait pas s’imaginer qu’il s’agisse d’abord de la conservation à travers les siècles. C’est quelqu’un qui se transmet, celui qui s’est livré pour nous (traditus), pour le pardon de nos péchés et le salut du monde : le Christ. S’il y a une information, elle ne peut être que sur un mode très particulier qui est celui d’une nouvelle vivante liée à
l’incarnation et à la résurrection et qui passe par nous². 

La foi se donne, se transmet par moi, mais ce n’est pas moi qui la transmets. Je n’en suis nullement le propriétaire. Il n’y a pas de tradition de la foi sans désappropriation³. Dès lors, la pastorale n’est au mieux qu’une réflexion sur les conditions de possibilité correcte d’une telle transmission qui m’échappe pour une large part, puisque c’est l’Esprit qui, s’il le veut bien, se donne à travers moi. Il souffle où il veut. D’où des surprises possibles : malgré des [...]

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1. On pourra se reporter à Xavier MORALES, «L’entremise de la foi », pp. 26 sqq.

2. Voir l’article de Marguerite LÉNA, « Le retentissement de l’Évangile sur nos pratiques de transmission », pp. 9 sqq.

3. Là-dessus, lire Bénédicte SÈRE, « Éléments d’une transmission théologale de la foi », pp. 49 sqq.