La mission du laïc dans le monde et à partir du monde

Un  peu partout, sur le terrain et dans les discussions, les chrétiens s'aperçoivent de l'importance du « culturel ». Jean Duchesne le montre dans un autre article. Il propose ainsi une perspective assez neuve pour la mission. L'action catholique, en effet, avait eu jusqu'ici deux objectifs prioritaires : politique et social. Dans le domaine politique, la question était d'accepter ou non les libertés modernes : pouvait-il y avoir une démocratie chrétienne ? Dans le domaine social, on voulut d'abord résoudre la question ouvrière, puis on s'attaqua — c'est toujours en cours — aux injustices dans le monde. Le carême de partage et les théologies de la libération concrétisent à nos yeux cet objectif.

Pourquoi parler maintenant du culturel? Pour ajouter un nouveau secteur à l'action catholique ? Il est patent que les médias ne sont guère inspirés par l'Evangile et que les catholiques ne s'y investissent guère. De plus, l'art et la littérature semblent, à quelques exceptions près, étrangers à l'esprit chrétien, non sans dommage pour la liturgie notamment et pour toute la culture. Il y aurait donc de bonnes raisons d'ajouter ce secteur aux autres. Pourtant, tel n'est pas directement l'objectif proposé. Serait-ce alors pour tempérer une action trop axée sur le socio-caritatif ou, par une ruse tactique, pour démobiliser les militants ? Pas davantage. Par culturel, on n'entend pas en effet tel secteur particulier de l'activité humaine, mais l'activité humaine en tant que l'homme accède par elle à son humanité et l'exprime (1). Cette attention à l'homme dans ce qu'il fait peut être présente aussi dans le « politique » et dans le «social ». Elle semble requise par une manière nouvelle dont l'homme se perçoit, lorsqu'il s'approche de la frontière actuelle de la sécularité. Pour exposer cette idée (2), nous voudrions montrer d'abord en quoi le monde, sous la nouvelle figure de sa sécularité, requiert une nouvelle attention à l'homme et donc à la dimension culturelle. Ensuite, nous aimerions situer la culture dans l'ensemble de la mission. Nous serons alors à même de mieux cerner la mission du laïc dans le monde et à partir du monde (3). Peut-être aurons-nous contribué ainsi à mettre en lumière l'enjeu essentiel du prochain Synode, en écartant, sans devoir même le dire, toute rivalité entre clerc et laïc qui aurait pour enjeu le pouvoir. Sur la base de l'identité chrétienne du laïc (4), quel est le contour de sa mission vingt ans après le Concile, dans un monde différent ? Avec la dignité de fils de Dieu, communiquée par le baptême, le laïc a reçu la liberté dans l'Esprit. Pour quoi faire? C'est la question qui nous retriendra...

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