L’homme pour Dieu

Laurent LAVAUD
Créés pour Lui - n°155 Mai - Juin 2001 - Page n° 23

Notre temps est la proie de deux tentations apparemment contradictoires : le repliement de l'homme sur sa valeur intrinsèque et son évanouissement dans le divin. La pensée chrétienne échappe à ce double écueil en affirmant que l'homme ne peut être pour Dieu qu'en habitant pleinement son humanité : c'est là la logique de la Croix révélée en Jésus-Christ.

S’interroger sur la relation de l’homme à Dieu ne revient pas à poser une question annexe ou périphérique de l’anthropologie. Il ne s’agit pas, parmi les diverses dimensions qui définissent l’humanité, de se situer dans un secteur particulier qui serait celui de la capacité de l’homme à se tourner vers Dieu. Car la réponse à la question : « l’homme peut-il être pour Dieu ? » engage la compréhension globale de ce qui définit notre humanité. Selon la réponse qu’on y apporte, on ne parlera pas du même homme. Il ne faut donc pas commencer par définir ce qu’est l’homme pour poser ensuite, comme en surplus, la possibilité de son rapport à une éventuelle transcendance. C’est bien plutôt la possibilité ou l’impossibilité de ce rapport qui oriente au préalable notre vision de l’homme et de son rapport au monde.

Or on ne pourra penser justement la relation de l’homme à Dieu que si l’on définit un équilibre qui évite et la dilution de l’homme en Dieu et la réduction de Dieu à la mesure de l’homme. Dans le premier cas, l’identité individuelle de l’homme est envisagée comme ce qui doit être dépassé pour adhérer à l’unité du principe. On ne pourrait tendre vers Dieu qu’en s’épurant de soi, qu’en abandonnant tout ce qui constitue la particularité propre à chaque individu. Dans le deuxième cas, il s’agit de définir une absolue autonomie de la raison humaine. En ce sens, la fin de l’homme doit pouvoir être pensée indépendamment de l’affirmation de l’existence de Dieu. Historiquement, la première position dégagée trouve un représentant éminent dans le courant néoplatonicien, avec lequel le christianisme a dû, au début de son histoire, à la fois entrer en dialogue et marquer sa différence. La seconde position s’enracine, elle, dans la conception kantienne de la liberté humaine. [...]

 
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