Père Jean-Robert ARMOGATHE
La tradition
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n°253
Septembre - Octobre
2017 - Page n° 7
« Ce que les Apôtres ont vu dans la source les a assurés de toute la suite ; ce que nous voyons dans la suite nous assure de ce qu’on a vu et admiré dans la source » (Bossuet)[1].
Au commencement était la tradition : autrement dit, ce que Jésus avait dit et fait a, pendant plusieurs générations, été transmis oralement. Les spécialistes ne sont pas d’accord sur la date de la première fixation écrite des récits évangéliques, mais un consensus existe pour estimer que les petites communautés de croyants qui, chacune à sa manière, adhéraient à la Voie, ont transmis pendant plusieurs générations, de façon orale, les composants essentiels du message (le kérygme). La fixation par écrit n’a pas arrêté la transmission orale, qui s’est poursuivie jusqu’au milieu du IIè siècle : en témoignent ces dits et ces actions de Jésus ignorés des textes canoniques et rapportés par des pièces archéologiques datées du IIè siècle (ce qu’on appelle des agrapha, c’est-à-dire des dits non canoniques).
Dans beaucoup de langues, le mot tradition est équivoque, car il désigne à la fois le fait de transmettre, la transmission, et le contenu qui est transmis qu’on appelle aussi tout simplement tradition. Le mot grec paradosis ne fait pas exception (dans la langue classique), mais dans le Nouveau Testament, il désigne toujours le contenu transmis, et non pas celui qui transmet ni le mode de transmission (voir la note en annexe). Mais il faut tenir compte d’autres passages qui se réfèrent à la tradition sans utiliser le mot (par ex., quand Paul parle de « recevoir », 1 Thessaloniciens 2, 13). Enfin, le contenu de cette transmission n’est pas toujours précisé : il s’agissait probablement des paroles et actes de Jésus à la Cène, ou d’une brève déclaration christologique (« Jésus est Seigneur »[2]`) ou encore d’une liste des apparitions (et des témoins) du Ressuscité.
Mais quand on scrute cette tradition, on ne peut pas ne pas buter sur la question du Canon[3] : quand les Écritures chrétiennes furent-elles encadrées, « canonisées », de sorte qu’elles ont enfermé en elles tout le contenu de la Révélation ? On sait qu’entre 100 et 150 plusieurs textes circulèrent, reçus comme des témoignages authentiques de l’enseignement des Apôtres : [...]
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[1] Bossuet, [Première] Instruction pastorale [1700], 23, éd. Lachat, Paris, 1864, t. 31, p. 106.
[2] Larry W. Hurtado Le Seigneur Jésus Christ. La dévotion envers Jésus aux premiers temps du christianisme, Paris, Éditions du Cerf, « Lectio divina », 2009.
[3] Voir Communio 2012, 3 : « Le canon des Écritures ».
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