Guerre et paix aujourd'hui

Hans MAIER
La paix - n°257 Mai - Aout 2018 - Page n° 51

La guerre d’aujourd’hui n’est plus limitée par des normes juridiques, des distinctions théoriques, par exemple entre civils et militaires, ni même par des habitudes militaires, comme le respect des prisonniers. Elle est selon H. Maier une « guerre illimitée » au sens à la fois d’une guerre sans fin et d’une guerre sans définition, si bien qu’elle n’est plus un moment à part dans la vie quotidienne des sociétés développées, mais « elle s’infiltre dans la normalité, dans le quotidien ».

 

Le terme de guerre, bien défini autrefois, est aujourd'hui plus confus. Cela tient aux changements de l'aspect extérieur de la guerre. Nous vivons aujourd'hui l' « illimitation » bien connue de la guerre (Enthegung des Krieges) – après des siècles d'efforts pour la circonscrire (ce qui signifie aussi la délimiter sur le plan conceptuel). La guerre ne se démarque désormais plus de la paix avec la netteté d'autrefois. Elle s'infiltre dans la normalité, dans le quotidien. À bien des égards les frontières entre guerre et paix civile s'estompent ; des formes hybrides de demi-paix ou demi-guerre voient le jour et se propagent. En un mot, la guerre n'est plus aujourd'hui seulement la traditionnelle guerre entre États. En bien des endroits elle a quitté son uniforme, elle prend ses distances avec la figure du soldat. Les formules classiques qui délimitaient autrefois son début et sa fin ont elles aussi perdu leur force dans le monde actuel. Il n'y a presque plus de déclarations de guerre – les accords de paix ont disparu à part un petit reste intra-national (la plupart du temps après des guerres civiles).

Ce que nous vivons actuellement se prépare depuis longtemps. C'est ce que je décrirai ici en deux temps : la limitation (Hegung) de la guerre (I) et son illimitation (Enthegung) (II). Je me demanderai ensuite ce qui disparaît en même temps que la guerre limitée et ce qui a en partie déjà disparu – et ce qu'il y a de nouveau après cette disparition des anciennes structures (III).

1.

Le cours de l'Histoire n'est en aucun cas, comme les pessimistes le pensent, un excès démesuré de violence.  L'Histoire a toujours été ponctuée d'efforts pour créer un ordre international durable. Kant, qui n'était pas optimiste en ce qui concerne l'homme, considère à juste titre dans son opuscule « Sur l’adage : cela est peut-être juste en théorie mais ne vaut pas pour la pratique », que dans la nature humaine « le respect du droit et du devoir reste toujours vivant », une disposition au bien – tout en admettant par ailleurs que « la nature humaine n'apparaît nulle part moins aimable que [...]

 

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