« Pour que le jour ne vous surprenne pas comme un voleur » – Temps et apocalypse

Knut BACKAUS
Le temps d’en finir - n°249 Janvier - Février 2017 - Page n° 39

Le début et la fin du Nouveau Testament nous disent que le temps nous est compté et que le retour du Seigneur et son jugement sont proches. Mais de quel jugement s’agit-il et pour quand ? Comment passer de « l’apocalyptique », cette conscience du retour imminent du Christ dans les premières communautés chrétiennes, à l’attente de Celui qui semble tarder ? Cette attente doit devenir conscience de la proximité du Ressuscité dans l’acte liturgique, où l’éternité rentre dans le présent et fait de chaque jour le dernier jour possible.

 

1. Le temps comme drame

Nous n’avons pas de temps, juste un certain délai. Notre vie ne nous est pas donnée pour toujours, ses heures sont comptées. Tels sont les premiers et les derniers mots du Nouveau Testament. Les premiers sont prononcés par Jean-Baptiste : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres ! » (Matthieu, 3,10), et les dernières par saint Jean dans sa vision « Oui, je viens sans tarder – Viens, Seigneur Jésus ! » (Apocalypse 22,20). 

On prend cette attente toute tendue vers la parousie pour la première erreur fatale du christianisme. En réalité, elle renferme son ultime vérité dramatique. Elle n’est pas une bévue, mais le legs permanent que nous a transmis l’Église primitive. Depuis ses origines, le christianisme est une religion qui va constamment vers sa fin, mais qui n’est jamais finie1.

Le point de vue qui se vend bien actuellement et qui consiste à dire que les premiers chrétiens se sont trompés en attendant une fin des temps proches est fondé de son côté sur une erreur propre à la modernité. Il confond perception existentielle et information correcte et objective sur un objet. L’Apocalyptique, elle, n’obéit pas à une logique, mais à la passion. Elle ne s’intéresse pas au caractère véridique de ces attentes, mais à la véracité (sincérité) des expériences2. En fait, la logique moderne se trouve confrontée à une situation étrange : [...]
 

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1 L’expression – employée dans un autre sens à propos du Moyen-Âge se trouve chez Hermann Heimpel, Das deutsche Spätmittelalter Charakter einer Zeit, in HZ 158 (1938) p. 229-248, p. 230. Sur la compréhension du temps dans l’Église primitive, voir compléments de notes à la fin de l’article.

2 Nous entendons par « Apocalyptique », ce mouvement du judaïsme et du christianisme des origines qui annonce et interprète la fin de l’histoire conduite par Dieu en se concentrant fortement sur l’au-delà et en utilisant la forme de la représentation visionnaire et de la langue traditionnelle des symboles bibliques. Elle s’est concentrée dans l’Apocalypse de saint Jean comme corpus littéraire, mais, bien au-delà, elle a aussi inspiré le christianisme naissant. Pour la situer dans l’histoire des religions, voir compléments de notes à la fin de l’article.


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