R. P. Jacques SERVAIS
Manger
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n°259
Septembre - Octobre
2018 - Page n° 17
Dans Le Festin de Babette, nouvelle de Karen Blixen adaptée au cinéma par Gabriel Axel, une servante française exilée ranime la charité et l’espérance dans une petite communauté protestante du Danemark en offrant un somptueux repas. Chacun fait l’expérience que le partage de la nourriture n’est pas utile qu’au corps et peut être un art qui ouvre et élève l’âme. La théologie de Hans Urs von Balthasar permet de mieux apprécier le miracle, analogue à celui de Cana, qui s’accomplit à travers ce festin.
Sur des sujets similaires, vous pouvez trouver, entre autres : Les Noces de Cana (2006/1).
« C’est comme aux noces de Cana », dit un vieil homme au somptueux repas français du Festin de Babette. « Ce n’est pas la nourriture qui compte1 ». De fait, en Jean 2, 1-11, ce qui est décisif n’est pas ce que l’on mange et boit. C’est également vrai dans le film. Bien qu’il soit centré sur les sept plats du banquet offert à de pauvres villageois, «le sujet n’est pas la cuisine», et ce dîner n’est pas du tout « une fin de soi », comme l’a précisé le réalisateur danois Gabriel Axel (1918-20142 ). S’ensuit-il que la chère et le vin n’ont aucune importance? S’ils renvoient au-delà d’euxmêmes, sont-ils négligeables? À Cana, le Seigneur les utilise comme « signes » pour « manifester sa gloire » (Jean 2, 11). Or cette « gloire » apparaît non comme une lumière éclatante, mais plutôt comme la flamme vacillante d’une bougie. Le Fils de Dieu s’insère mystérieusement dans la noce, en transfigurant délicatement la réalité de l’intérieur, presque sans que l’on s’en aperçoive: « Le maître du repas goûta l’eau changée en vin… Mais il ne savait pas d’où venait ce vin » (Jean 2, 9). L’esprit d’amour et de pardon qui souffle soudain sur les invités au banquet de Babette arrive avec la même discrétion, si bien que le film doit être regardé en portant attention au mystère plutôt qu’en cherchant à tout expliquer. « C’est un conte de fée, dit Axel, et si l’on veut tout analyser, on passe à côté3 ». À partir d’une nouvelle publiée en 1950 sous le même titre par la romancière danoise Karen Blixen (1885-1962), Le Festin de Babette n’est pas un film « sur la religion, ni sur la cuisine », mais sur une série de portraits où se révèle l’effet de levain produit par l’intervention d’une seule femme au sein d’une communauté protestante rurale. Hans Urs von Balthasar partageait la même conviction de l’unité entre l’esprit et les sens: « C’est à la fois avec son corps et avec son âme que l’être humain vivant fait l’expérience du monde et, en conséquence, également de Dieu4 ». On s’efforcera ici de considérer le film sous l’angle de l’esthétique théologique de Balthasar. [...]
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* Cet article est une version abrégée par l’auteur lui-même de celui publié dans le numéro de l’automne 2017 de l’édition nord-américaine de Communio.
1 Les citations non référencées en note sont tirées des dialogues du film sorti en 1987.Sauf indication contraire, les autres citations sont tirées d’œuvres de Hans Urs von Balthasar publiées chez JohannesVerlag, Einsiedeln.
2 Interview de Gabriel Axel par Jill Forbes dans Sight and Sound, 2 (printemps 1988), p. 106-107.
3 Ibid., p. 106.
4 Herrlichkeit, I, p. 392, (tr.fr., La gloire et la croix. Aspects esthétiques de la Révélation, vol. I. Apparition. Paris, Aubier, 19652 . DDB 19903 . Réédition (8 vol. en coffret) DDB/Le Cerf, Paris, 1993).
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