La conversion dans le Nouveau Testament

Une fausse proximité

Dans un sermon prêché le 25 janvier 1832, John Henry Newman essaie de comprendre la conversion de Paul et ne sait manifestement pas quoi en penser. En effet, ce brutal et soudain changement de direction le heurte. D’emblée, il écarte deux hypothèses : la conversion de l’apôtre des nations ne peut s’être faite sous le coup de l’émotion ou de la légèreté d’esprit (dans sa belle langue, Newman dit volatile and light-minded), ou bien parce que le Tarsiote aurait pris son existence en dégoût comme un panier percé (spendthrift) qui, une fois ruiné, passe sa vie dans l’avarice (miser) la plus sordide. À bout d’arguments, il finit par déclarer :

Or, dans tous ces cas, un instant est souvent pris par les hommes religieux comme étant le moment même de la conversion, et comme si elle était soudaine, alors qu’en réalité, il est évident que dans aucun de ces cas il n’y a de soudaineté en la matière. Dans le dernier de ces exemples, qui pourrait être dans une certaine mesure, si nous osons le dire, le cas de Saint Paul, le moment où la profession formelle et publique de l’erreur a cessé, est considéré comme le moment de la conversion. D’autres se souviennent de la première occasion où une pensée profonde et sérieuse leur a traversé l’esprit et la considèrent comme la date de leur changement intérieur. D’autres encore se souviennent d’un moment intermédiaire où ils ont pour la première fois professé ouvertement leur foi ou osé faire quelque noble action pour l’amour du Christ ¹.

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 1 “Now in all these cases one point of time is often taken by religious men, as if the very time of conversion, and as if it were sudden, though really, as is plain, in none of them is there any suddenness in the matter. In the last of these instances, which might be in a measure, if we dare say it, St. Paul’s case, the time when the formal outward profession of error fell off, is taken as the time of conversion. Others recollect the first occasion when any deep serious thought came into their minds, and reckon this as the date of their inward change. Others, again, recollect some intermediate point of time when they first openly professed their faith, or dared do some noble deed for Christ’s sake.” John Henry NEWMAN, Parochial and Plain Sermons, London, Rivingtons, 1868, p. 227.