Les systèmes d’armes autonomes

Les contributions du Saint-Siège à une question éthique majeure

I Les SALAs (Systèmes d’Armes Léthaux Autonomes) : un nouveau type de menace

1 Des robots téléopérés aux SALAs

L’histoire des conflits les plus récents nous confronte à un usage de plus en plus important des systèmes d’armes robotisés. La guerre des Balkans avait vu le déploiement d’engins volants de reconnaissance sans pilote (appelés drones en raison du bourdonnement de leurs hélices) puis, celle d’Afghanistan, l’usage de drones armés. Les conflits en Syrie et en Libye, puis celui qui a opposé l’Arménie à l’Azerbaïdjan en 2020 ont vu l’utilisation d’essaims de drones armés. La guerre en Ukraine nous confronte à la montée en puissance de l’utilisation militaire des drones de diverses tailles, aériens, mais aussi maritimes, servant à la reconnaissance mais aussi à l’attaque sur le mode « kamikaze » ou non. Ces drones ont été d’abord téléopérés parfois à très grande distance ¹, mais l’évolution des technologies et les nécessités militaires pointent en direction d’engins doués de plus en plus d’autonomie. Pour fixer les idées, nous définissons d’abord les « robots » comme des systèmes possédant trois composantes : des capteurs pour l’acquisition d’information, des processeurs traitant l’information reçue et des effecteurs permettant au système d’agir dans l’environnement dans lequel il évolue. Les drones téléopérés restent sous le contrôle d’opérateurs humains, même s’ils sont susceptibles d’accomplir certaines actions par eux-mêmes (décollage ou atterrissage, pilotage automatique hors situation de combat...). Ce genre de système pose déjà toute une série de questions liées, par exemple, à la facilité avec laquelle ils peuvent violer les espaces aériens ou effectuer des assassinats hors de tout cadre légal, mais aussi à la distance qu’ils établissent entre ceux qui font la guerre et ceux qui en subissent les conséquences... Ces problèmes importants ont fait l’objet d’études détaillées sur lesquelles nous n’allons pas revenir ². En effet les réflexions éthiques et juridiques du Saint-Siège, que nous allons analyser dans la suite de cette contribution, ne concernent pas des drones ou des robots (aériens, terrestres ou aquatiques) téléopérés, mais bien des robots armés doués d’une certaine autonomie par rapport à l’humain. La définition même de ce que l’on entend par autonomie fait l’objet de discussions détaillées. En gros, on pourrait dire que l’on cherche à caractériser les systèmes robotisés militaires doués de tout un spectre de degrés de liberté laissés à leur pilotage, à ...

Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter en ligne le numéro ou vous abonner pour recevoir les prochains numéros.

 1 Voir note à la fin de l’article

  2 Voir note à la fin de l’article. Voir aussi l’article de Holger ZABOROWSKI, « Adieu à la ‘paix perpétuelle’? Le défi des nouveaux types de guerres pour la morale et pour le droit », Communio XLIII 3-4, no 257-258 mai-août 2018, La paix, p.41-50.