Au commencement les eaux du baptême- Le baptême des petits enfants et l'inversion sacramentelle

Au commencement les eaux du baptême

Le baptême des petits enfants et l’inversion sacramentelle

C’est la même eau saine qui monte aux tiges du blé pour le Pain. C’est la même eau saine qui monte aux sarments pour le Vin [...]. C’est la même eau, recueillie, c’est la même eau, saine, assainie, qui fait le tour du monde. Qui revient, qui reparaît, qui a fait tout le tour de ma création. C’est la même eau recueillie qui rejaillit, qui ressource. Dans la nouvelle fontaine, dans le rejaillissement jeune. Dans la source et le ressourcement de l’espérance. Charles Péguy ¹

Les sept sacrements de l’Église se distinguent des autres rites et cérémonies en ce qu’ils sont habituellement considérés comme institués par le Seigneur lui-même. C’est-à-dire qu’ils n’existaient pas avant l’Incarnation, qu’ils prolongent la présence et l’action du Christ dans l’histoire et qu’ils sont propres au « temps de l’Église », lequel est, au sens strict, le temps des sacrements. Il y a bien sûr une exception à cette règle : le mariage, établi avant le péché originel ², souvent reconnu comme un « sacrement naturel », assumé par le Christ et par l’Église mais en un sens inhérent à la nature humaine, instauré non par le Christ pendant sa vie publique mais par Dieu tirant Ève du côté d’Adam (Genèse 2, 21-24) et ensuite porté à sa plénitude comme symbole de l’union entre le Christ et l’Église (Éphésiens 5, 29-32).

Le baptême tire son origine, selon la Tradition, d’abord du rite accompli par Jean sur Jésus (Marc 1, 9-11) en utilisant et sanctifiant de l’eau, puis du commandement final du Ressuscité : « Allez, et baptisez » (Matthieu 28, 19) ³. C’est donc, à la différence du mariage, un sacrement « post-christique », de même que le don du Corps et du Sang du Seigneur dans l’Eucharistie. Cependant, alors que ceci vaut certainement lorsqu’il est question du rite ecclésial du baptême comme moyen d’effacement du péché originel et d’intégration à l’Église, la Tradition connaît toute une série de baptêmes antérieurs au sacrement et admet généralement que l’eau peut avoir des vertus vivifiantes et qu’il ...

Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter en ligne le numéro 297 ou vous abonner pour recevoir les prochains numéros.

  1 Le Porche du mystère de la deuxième vertu, in Œuvres complètes, NRF, 1918, p. 443-444.

 2 Pierre LOMBARD, Sentences, 4, XXVI, 1.

 3 Voir saint THOMAS D’AQUIN, Somme théologique, III, q. 38, a. 1 ; q. 66, a. 2 et 5.