L'Église comme communion : un fil conducteur de l'ecclésiologie de Vatican Il

 

Communauté et communion sont une réalité humaine originaire, et sont le terme d'un désir aussi ancien que nous. Nous lisons à la première page de la Bible qu'« il n'est pas bon que l'homme soit seul» (Genèse 2, 18). La philosophie ancienne, parallèlement, définissait l'homme comme animal social ou communautaire, zôon politikon: en sa chair comme en son esprit, il est toujours renvoyé à d'autres que lui ; ce n'est que dans la polis, dans la coexistence avec d'autres, qu'il peut atteindre à la plénitude de son humanité. Les hommes sont aujourd'hui plus proches les uns des autres, apparemment, qu'ils ne l'ont jamais été. Et pourtant, le danger d'isolement et le besoin de solitude n'ont peut-être jamais été aussi grands. La société contemporaine est une immense accumulation d'individus, mais n'est pas un tout organique. A l'individualisme moderne, le collectivisme n'est sans doute pas une solution ; individualisme et collectivisme sont deux extrêmes qui se rejoignent sur un point : l'un et l'autre laissent l'individu seul. L'un et l'autre donc ignorent ce que, comme personnes, nous sommes essentiellement : des êtres qui ne peuvent trouver bonheur et paix que dans la relation interpersonnelle, dans une communauté de valeurs et de buts, dans l'échange et le don. Il n'est pas étonnant qu'après l'effondrement du monde bourgeois et de son individualisme — la première guerre mondiale — on ait vu surgir à la fois des systèmes collectivistes ...