La Parole

René HABACHI
L'Eglise - n°69 Janvier - Février 1987 - Page n° 101

Signets

René HABACHI

La relation est le système nerveux de l'univers: elle traverse tous les degrés du créé, de la matière à l'homme en passant par le vivant. Mais seul l'homme peut exprimer cette relation par le langage, il est alors le relais privilégié entre la création et Dieu qui lui parle par son Verbe. Car si la relation abonde dans la création (et s'épanouit en l'homme), c'est qu'elle surabonde en Dieu-Trinité qui est amour.
La parole (19) E.W., p. 11 et 7. Derrick de Kerckhove, né en 1944. Docteur en littérature française de l'Université de Toronto (1975) et en sociologie de l'art de l' Université de Tours (1979). Il a travaillé plus de dix ans avec Marshall McLuhan, comme traducteur, assistant et co-auteur. Publications : Understanding 1984, UNESCO ; McLuhan e la metamorfosi dell'uomo, Milan; Western Literacy, the Brain and Culture, Springer Verlag. Marié, deux enfants. Ce texte est celui d'une conférence faite en 1982, après la mort de Marshall McLuhan (qui était né en 1911).
 
La Parole
I. Fondement métaphysique de la parole
Le joueur de tennis ne s'apprête à renvoyer la balle par dessus le filet que parce qu'il s'éprouve distinct d'elle. Autrement il n'aurait qu'à se lancer lui-même et le résultat en serait assez douteux. Voici la différence qui existe entre le cri et la parole. Dans ce cri, le crieur ne se distingue pas de son cri, il y est tout entier. Dans la parole, c'est différent. Quel est donc le fondement de la parole, et quel est son processus ? Dans la parole, le parleur, ou le locuteur comme on dit aujourd'hui en linguistique, ne communique un état de conscience que parce qu'il l'éprouve comme sien tout en s'en distinguant. Prenant une distance intérieure à l'égard de son état de conscience — que celui-ci soit une émotion ou une représentation — et associant ce contenu à un son, mot ou phrase qui lui servent de signe, il lance le signe avec l'espoir de transmettre avec lui le signif ié, l'état de conscience correspondant qu'il y a attaché. Que le signe soit un vêtement à la mesure du signifié est une autre question : mais le seul fait de la recherche du signe adéquat prouve bien que le locuteur se pose comme indépendant du signe aussi bien que du signifié. Cette indépendance interne met en échec toutes les prétentions structuralistes. L'homme exploite les structures du langage, il n'est pas le produit des structures. Précisément, s'il ne prenait une distance intérieure à l'égard de son état de conscience, s'il n'en devenait en quelque manière le témoin, il n'y aurait pas parole mais seulement cri. Dans le cri, nous sommes identiques au son ; que le cri signifie joie ou danger, étonnement ou horreur... nous passons entièrement dans notre cri. S'il signifie douleur, c'est que nous sommes comme immergés dans cette douleur à ne pouvoir nous en distinguer...
 
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