Israël et la création : le Psaume 136

Dans un texte précis, on voit comment Israël étend une expérience historique de dépendance à la conscience d'une dépendance de l'univers entier.

La première page, 21, est jointe.

Il est difficile de se faire une idée de la façon dont les Juifs de ]'Ancien Testament se représentaient la création, et cela, pour deux raisons : d'une part, à prendre l'Ancien Testament dans l'ensemble de ses livres, ce sont plusieurs conceptions de la création que nous trouverions, et non pas quelque chose d'établi une fois pour toutes et uniformément répété ; d'autre part, l'Ancien Testament a lui même hérité de traditions, de civilisations et donc de religions qui ont eu chacune leur conception propre, même si un fond culturel reste commun à toutes. Il est donc illusoire de vouloir saisir une idée précise et unique de la création selon l’Ancien Testament. Pour s'en convaincre, ne fût ce que superficiellement, qu'on relise les deux premiers chapitres de la Genèse : récits de création par excellence, ils sont si différents que sur tel ou tel point ils sont même en contradiction ; ainsi, pour Genèse 1, l'« eau » précède la création, alors qu'en Genèse 2, c'est... le « sec » du désert !

Faut il pour autant renoncer à demander une idée de la création à un Ancien Testament qui s'ouvre justement sur une série de récits de création [[En fait la suite des 11 premiers chapitres. Typique en ce sens est l'histoire de Noé dans laquelle le Déluge présente une véritable « dé création » et la sortie de l'Arche, une « re création ». Cf. l'excellent n° 4 des Cahiers Evangile, signé P. Grelot, « Homme, qui es tu ? Les onze premiers chapitres de la Genèse » (Le Cerf, 62 p.).]], qui en traite à plusieurs reprises, ne serait ce que par allusion, dans les psaumes, chez les prophètes, dans les livres de sagesse, autrement dit, d'une façon ou d'une autre, dans presque tous ses livres ? N'est on pas en droit d'espérer que, sous la diversité des récits, des représentations et des images, voire sous les contradictions apparentes d'un texte à l'autre, il y ait une unité plus ou moins cachée, mais profonde, à laquelle nous pour rions, aujourd'hui encore, nous référer ? C'est ce que nous voudrions proposer (p.21)

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Pierre GIBERT