Euthanasie: État de la question.

La récente Encyclique Evangelium vitae confrontée au texte plus ancien Jura et Bona permet de dissiper toute équivoque sur le terme même d'euthanasie et par là de mesurer les problèmes - plus encore le défi - que la situation actuelle pose à la conscience chrétienne.

Contraception, stérilisation, avortement », ces mots reviennent toujours ensemble dans l'encyclique Evangelium Vitae, comme trois anneaux d'une chaîne, ou encore comme trois sursauts d'une avalanche dont la puissance destructrice croît en descendant une pente abrupte. Et un quatrième anneau — ou sursaut — tragique se dessine avec l'euthanasie. C'est l'avalanche de la culture de mort.

Diverses formes de contraception, de stérilisation et d'avor­tement ont été pratiquées de tout temps au cours de l'histoire. Ce qu'il y a de nouveau à notre époque, ce n'est donc pas leur apparition, mais une diffusion de masse et, plus encore, une volte-face de leur appréciation morale passée dans les pays d'ancienne tradition chrétienne, passant d'une condamnation nette et unanime à un large consensus social et à une légitima­tion juridique. Ce retournement complet s'est produit en grande partie dans la seconde moitié de notre siècle. En simplifiant un processus sans doute plus enchevêtré et plus complexe, on peut dire qu'à partir des années 50 il a principalement concerné la contraception, et à partir des années 60 la stérilisation et l'avor­tement. L'euthanasie, qui n'avait d'abord suscité que des voix autorisées en sa faveur, n'a entamé que dans les années 90 un processus de légitimation juridique ouverte et avouée. [...]