Mme Isabelle ZALESKI
La Maladie
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n°133
Septembre - Octobre
1997 - Page n° 89
La conjonction du progrès médical, de l'extension du champ de la maladie, et de la faiblesse des réponses données aux demandes du corps social a créé les conditions d'une demande de soins croissante, et d'autant plus impérieuse qu'elle se confond avec une demande de bien être.
La maladie n'est pas seulement un mal privé mais elle a également une dimension sociale. En témoignent les tra-vaux qui mettent en lumière les différentes approches historiques et anthropologiques de la maladie. Une même condition sera considérée comme morbide à certaines époques ou dans certaines sociétés, ou comme une variante de la normale ailleurs. Les exemples les plus évidents sont le vieillesse-ment, la stérilité, diverses caractéristiques physiques.
Cet aspect social, ou public, de la maladie ne concerne donc pas seulement le regard que la société porte sur les souffrances de l'un de ses membres, mais également les décisions que va prendre le corps social de financer les soins. Par définition, une société où le financement des soins est fiscalisé (ou dépend, d'une manière ou d'une autre de la solidarité nationale), sera amenée à se prononcer sur ce qui est, (ou n'est pas), une mala-die, et donc relève de la protection sociale.
Cela nous amène à décrire les décisions de la société en matière de financement public de la maladie. La notion de « maladie » ne peut pas en effet rester dans le domaine privé, à partir du moment où notre société consacre collectivement plus de 10 % de sa richesse pour financer les dépenses de santé. Ce chiffre nous situe au second rang mondial, (après les États-Unis) et représente environ 700 milliards de francs par an, soit environ 11 000 francs par an et par personne. Il n'existe pas de norme en matière de dépense de santé, c'est-à-dire que la part du produit intérieur brut consacrée par un pays à ses dépenses de santé ne fait pas l'objet de règles ou de consensus inter-nationaux ; cependant, la dépense moyenne de santé des pays développés représente 8 % du produit intérieur brut. La France dépense donc plus que les autres pays, pour un résultat qui, estimé de manière très imparfaite et approximative par les indi-cateurs de mortalité et d'espérance de vie, nous situe vers le dixième rang mondial. [...]
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