Nos contemporains portent parfois sur l’idée démocratique un regard inquiet. L’avenir de la démocratie dans les sociétés occidentales contemporaines est-il donc menacé ? Le mot « démocratie » (sinon la chose elle-même) semble pourtant aujourd’hui organiser un consensus très vaste. La démocratie n’est-elle pas considérée désormais unanimement comme la façon la plus rationnelle et la plus raisonnable d’organiser le pouvoir dans une société juridico-politique humaine? Le mieux, dans l’espoir de pouvoir faire le partage entre les constats réalistes et les présentations exagérées, est de réfléchir à certains principes démocratiques fondamentaux et aux difficultés qu’ils rencontrent. Sur ces difficultés, il faut encore se demander ce que l’Église peut vraiment nous apporter, car l’histoire des rapports entre la démocratie et l’Église est indéniablement une histoire très tourmentée.
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Éditorial : Dominique Weber : L’avenir de la démocratie
Thème : La démocratie
Rémi Brague : L’homme peut-il survivre à la démocratie ?
Qui peut nous garantir qu’il est bon d’être, même pour celui qui n’existe pas encore, que l’être sera toujours, en dernière instance, meilleur que le néant, si ce n’est cette métaphysique que nous croyons avoir dépassée ? Une telle certitude ne peut venir de l’espace social. Si la « société » que suppose la démocratie n’a nul besoin d’une transcendance, l’espèce humaine, si elle veut continuer à exister dans le futur en a, elle, un besoin absolu.
Herbert Schlögel : La démocratie vit par et avec les vertus
La pratique de certaines « vertus » démocratiques, dont les traditionnelles vertus cardinales, est requise pour assurer aux régimes démocratiques stabilité et justice sociale. La vie en société se construit d’abord au sein de la famille, pour s’étendre à l’ensemble du corps social grâce à l’éducation des plus jeunes. Dans ce contexte, la doctrine sociale de l’Église, fondée sur la notion de bien commun, peut apporter une précieuse contribution.
Jean Mesnard : Démocratie, humanisme et spiritualité
On ne peut raisonner de la même façon sur la société comme corps constitué globalement ou en prenant en compte ses composantes individuelles. Sur la première peut s’exercer une réfl exion purement politique, mais dans le second cas, il conviendra d’embrasser des réalités plus hautes. La démocratie ne peut se développer qu’en se fondant sur des valeurs qui la dépassent. Elle est à ce prix.
Giuseppe Reguzzoni : La religion civile entre nationalismes et globalisation
Ce qui est en question, ce n’est pas seulement le rôle que les Églises et les religions peuvent jouer à l’intérieur des sociétés sécularisées, mais aussi et surtout les conditions pour que ces sociétés puissent survivre, et non point sombrer dans la violence de tous contre tous.
Jean-Robert Armogathe : L’Église catholique et la démocratie
Cette synthèse d’un corpus abondant souligne les points forts de la réflexion de l’Église sur la démocratie qui est fondamentalement un « système » et, comme tel, un instrument et non une fi n. « Son caractère “moral”, rappelle Jean-Paul II, n’est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain : il dépend donc de la moralité des fi ns poursuivies et des moyens utilisés ».
Cardinal Christoph Schönborn : Corps étranger ou racine ? Le christianisme et ce qu’il signifie pour l’Europe
Quels sont les rapports du christianisme et de l’Europe ? Avec sa conception nouvelle de l’homme, il sera d’abord rejeté comme un corps étranger. Mais il va ensuite irriguer toute la culture européenne. Les ambiguïtés de sa relation aux pouvoirs politiques mèneront à sa remise en question par les Lumières. Il semble se trouver aujourd’hui en Europe dans une situation semblable à celle de ses débuts. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ?
Éric de Moulins-Beaufort : Vie chrétienne et régimes démocratiques
En soutenant la démocratie, l’Église n’a pas opéré un changement d’alliance : elle a approfondi sa compréhension de l’homme. Le système de la démocratie représentative ne s’en trouve pas pour autant canonisé. Cette condition relativement nouvelle doit encourager les chrétiens à réaliser le sens de la nature sacramentelle de l’Église.
Dossier : la controverse sur la théorie des genres au lycée
Camille Violet : La théorie des genres est-elle au programme de première ?
L’analyse stricte des termes du programme de SVT des classes de premières ES-L et S montre que celui-ci n’implique nullement d’enseigner la théorie des genres. Mais les termes n’étant pas clairs, les professeurs seront obligés d’interpréter ; c’est ce qu’ont fait les auteurs de manuels, avec des variations très nettes selon les éditeurs. Mais ce débat est finalement anecdotique au vu de certains points du programme qui révèlent des prises de position inquiétantes.
Thibaud Collin : Genre : les enjeux d'une polémique
Il faut distinguer les études sur le genre et les usages idéologiques qu’on peut en faire. Ces études peuvent être prétextes à pulvériser la sexualité humaine. Mais n’y a-t-il pas des usages de cette notion susceptibles d’être intégrés dans une vision adéquate de la sexualité humaine ?
L'avenir de la démocratie
Dominique Weber
« S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, ou Principes du droit politique (1762), III, 4, dans OEuvres complètes, Bernard Gagnebin et Marcel Raymond (éd.), Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964, t. 3, p. 406.
« On peut dire que la démocratie, dans son esprit, sinon toujours dans le fait, est agréable à Dieu. Souhaiter son règne dans le monde procède de la même conception de l’homme et de sa destinée que d’y souhaiter le règne de la loi du Christ. » Julien Benda, La Grande Épreuve des démocraties. Essai sur les principes démocratiques. Leur nature, leur histoire, leur valeur philosophique, New York, Éditions de la Maison Française, 1942, chap. VI (« De la valeur philosophique des principes démocratiques. Organisation et civilisation »), p. 204.
Il y a une « haine de la démocratie », analyse en 2005 le philosophe Jacques Rancière1. « Démocratie, dans quel état ? », s’interroge un ouvrage collectif en 20092. « Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie », se demande Myriam Revault d’Allonnes en 20103. L’avenir de la démocratie dans les sociétés occidentales contemporaines est-il donc menacé ? Le mot « démocratie » (sinon la chose elle-même) semble pourtant aujourd’hui organiser un consensus très vaste. La démocratie n’est-elle pas considérée désormais unanimement comme la façon la plus rationnelle et la plus raisonnable d’organiser le pouvoir dans une société juridico-politique humaine ? Le peuple se gouverne lui-même ou par ses représentants (la démocratie comme « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple4 »), et chacun, étant à la fois gouverné et gouvernant, apprend à tenir compte de l’intérêt général aussi bien que de ses intérêts particuliers. Victorieuse du nazisme et du fascisme en 1945, confortée à partir de 1989 à la suite de la dislocation du bloc soviétique, la démocratie libérale occidentale n’est-elle pas devenue un régime politique tout simplement indépassable ? Durant ces soixante dernières années, nous apprennent les politologues, le nombre des démocraties dans le monde (si du moins l’on en adopte comme critères d'identification [...]
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1. Jacques Rancière, La Haine de la démocratie, Paris, La Fabrique Éditions, 2005.
2. Démocratie, dans quel état ?, Paris, La Fabrique Éditions, 2009.
3. Myriam Revault d'Allonnes, Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie, Paris, Seuil, 2010.
4. Selon la formule d’Abraham Lincoln, qui a été introduite en France dans la Constitution du 4 octobre 1958 de la Cinquième République, dans le Titre premier, à l’Article 2 : « La devise de la République est “Liberté, Égalité, Fraternité”. Son principe est : Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » – Textes constitutionnels français, Stéphane Rials (éd.), Paris, PUF, 200821, p. 82.
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Camille Violet : La théorie des genres est-elle au programme de première ?
L’analyse stricte des termes du programme de SVT des classes de premières ES-L et S montre que celui-ci n’implique nullement d’enseigner la théorie des genres. Mais les termes n’étant pas clairs, les professeurs seront obligés d’interpréter ; c’est ce qu’ont fait les auteurs de manuels, avec des variations très nettes selon les éditeurs. Mais ce débat est finalement anecdotique au vu de certains points du programme qui révèlent des prises de position inquiétantes.
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Il faut distinguer les études sur le genre et les usages idéologiques qu’on peut en faire. Ces études peuvent être prétextes à pulvériser la sexualité humaine. Mais n’y a-t-il pas des usages de cette notion susceptibles d’être intégrés dans une vision adéquate de la sexualité humaine ?
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