Les Églises non chalcédoniennes

Le refus des définitions christologiques de Chalcédoine a poussé certaines Églises à se séparer des autres. On s'aperçoit aujourd'hui que les divergences tenaient plutôt à des facteurs culturels que proprement théologiques : il ne faut pas confondre les formules dogmatiques avec les vérités de foi qu'elles ne font qu'exprimer.

C'est avec les Croisades que l'Occident médiéval reprit connaissance de l'Orient non «grec », qui fait l'objet principal de ces pages. Chroniqueurs, missionnaires et voyageurs décrivirent alors les Églises orthodoxes non chalcédoniennes comme des « nations » orientales. Ce terme, compris dans l'acception des nations européennes alors en formation, ne s'appliquait pas également à tous les chrétiens orientaux. Pour les Syriaques ou les coptes, il se justifiait par la reconnaissance officielle de leur particularité religieuse et culturelle au sein du califat (ou de l'Empire mongol). Chez les Arméniens, les Géorgiens et les Éthiopiens, il répondait à une véritable indépendance politique, en marge ou en dehors de l'islam.

Après avoir réuni l'Église grecque à la foi de l'Église romaine lors du concile oecuménique de Florence (1439), le pape Eugène IV n'oublia pas les autres nations orientales. Ainsi furent conclues des « unions » analogues (et guère moins
éphémères) avec les Arméniens (1439), les coptes (1442) et les Syriaques (1444), ainsi qu'avec une partie des Chaldéens et des maronites (ceux du royaume des Lusignan de Chypre, 1445). Aux Grecs, qui avaient reconnu le pouvoir du pontife romain de gouverner l'Église universelle, le décret de Florence garantissait « tous les droits et privilèges » des « vénérables patriarches ». Bientôt, cependant, cette reconnaissance allait se restreindre aux seules liturgies orientales (au besoin censurées de leurs expressions prétendument hérétiques et conformées à la théologie sacramentaire latine de l'époque). [...]