Le corps du Christ, eucharistique et ecclésial

Avec Henri de Lubac et les Pères de l'église, il est ici rappelé que l'eucharistie est le lieu par excellence de l'église et que seule la théologie du corps du Christ permet de comprendre que l'église est communion au mystère trinitaire dans le Christ. On peut alors saisir les effets concrets de l'eucharistie pour notre propre existence chrétienne, pour la vie communautaire et pour l'agir de l'église dans le monde.

Dans la culture présentement dominante en Occident, l’action sacramentelle accomplie par les chrétiens pour faire mémoire de l’acte rédempteur et fondateur de l’Alliance nouvelle risque souvent de mettre l’accent sur l’union personnelle à Dieu bien plus que sur la « fraternité en Christ » entraînée par la communion à son corps livré et à son sang versé. L’existence chrétienne est aujourd’hui regardée par plusieurs comme un « seul à seul » avec Dieu, alors que la dimension ecclésiale de cette existence est tout au plus comprise comme une nécessité sociologique, comme le résultat de l’addition de ceux que la grâce met en relation avec Dieu. On considère moins la célébration eucharistique comme l’acte sacramentel dont l’aspect central est la communion fraternelle, cette communion que les Pères de l’Église considèrent unanimement comme une « extension de la vie trinitaire ». Bien souvent, l’Eucharistie est plutôt regardée comme un sacrement qui est certes célébré par l’Église, mais en vue de la participation personnelle à la vie de grâce, en union avec une multitude d’autres individus. Cette tension entre la dimension sociale de l’Eucharistie et sa dimension de culte personnel n’est pas nouvelle dans l’histoire de l’Église1. [...]