Écologie et politique : la protection de l'environnement comme fin de l'État

Klaus TÖPFER
L'écologie - Heureux les doux - n°107 Mai - Juin 1993 - Page n° 127

En Allemagne, un projet de révision des lois constitutionnelles propose d'indiquer que la protection de la nature est une des fins de l'état. Il reste à savoir ce qui fonde ce devoir. Entre une vision anthropocentrique (où l'homme est la fin de toutes choses), et une vision écocentrique (où la nature a d'abord des droits), le christianisme propose-t-il une voie équilibrée ?

 

L'importance de la protection de l'environnement dans la politique allemande s'est accrue d'une manière notable dans les vingt dernières années. Dans les intentions de vote de la population, elle est passée au premier rang des problèmes urgents, avant la réunification, même si elle a légèrement reculé depuis 1990, les problèmes liés à la réunification prenant aujourd'hui la première place. On peut cependant présumer que, lorsque ceux-ci auront été surmontés, la protection de l'environnement reprendra sa place initiale. Une expression significative de cette détermination des priorités est la discussion permanente qui se déroule, à la même période, sur l'introduction de la protection de l'environnement comme fin de l'État dans les Lois fondamentales, et donc sur le rapport entre l'homme et la nature.

Les racines de cette discussion élémentaire sont profondément enfouies dans l'histoire de la pensée : c'est un thème central des réflexions philosophiques et religieuses dès l'Antiquité. C'est chez Marc Aurèle que surgit l'invitation : « Observe la nature entière, dont tu n'es qu'une petite parcelle, et la suite des temps, dont seule une petite période t'est dévolue, et le Destin, dont le tien ne représente qu'une fraction. »

Cent ans plus tôt, nous lisons dans Sénèque : «Que pouvait-il y avoir de plus heureux que cette espèce humaine ? On jouissait en commun des dons de la nature. Elle servait de mère pour la protection de tous, sur elle se fondait la protection sans souci de tous les biens communs». La dernière phrase de Sénèque et son contraste avec tous les problèmes présents de l'environnement, nationaux et mondiaux, montre que nous sommes loin de cette heureuse espèce humaine dont parlait Sénèque. Elle nous indique en même temps la dimension des tâches qui nous attendent, et que nous avons à remplir dans le cadre de notre Constitution. [...]

 

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