L'alpha et l'oméga.

Hans Urs VON BALTHASAR
L'église dans la ville - n°91 Septembre - Octobre 1990 - Page n° 88

«Je suis l'alpha et l'oméga ». Cette révélation du Christ sur lui-même est une des expressions les plus répandues, les plus galvaudées,, et les moins comprises. En tout cas il ne faut pas oublier le premier terme...

Dans l'Apocalypse le Christ se nomme « Alpha et Oméga », « le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » de toutes choses (22,13). Même affirmation concernant le Dieu tout-puissant (1,8 ; 21,6), mais le Christ lui-même représente ce Dieu dans toute l'histoire du monde, dont lui seul révèle le sens caché ; le ciel réuni lui proclame les mêmes attributs qu'au Tout-Puissant (5,12 s.). Ainsi il se dit aussi « l'Arché, le fondement premier des oeuvres de Dieu » (3,14). Ce faisant l'Apocalypse répète ce que les hymnes pauliniens et johanniques ont proclamé très clairement. Il est important que Colossiens 1,14-20 (et Ephésiens 1,3-10) aussi bien que Jean 1,1-18 ne traitent pas d'un principe créateur supraterrestre, mais du fondateur du monde, qui dès l'origine tendait vers son incarnation, voire sa croix : « en lui, par lui et pour lui ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre » (Colossiens 1,16 s) ; rien de ce qui a été créé n'a été appelé à la vie sans lui, même en apparaissant comme ténèbres par rapport à lui, lumière et vie (Jean 1,3-5).

Deux directions pour préciser cela : d'une part celui qui configure le monde du début à la fin est image, parole et expression de Dieu (Hébreux 1,3), par là-même l'image première de toute créature, qui doit donc lui ressembler en image et en parole. D'autre part, le processus du monde de l'origine jusqu'à sa fm apparaît comme un drame sanglant, comme un combat dans lequel le Logos lui-même est représenté avec un manteau trempé de sang, armé d'une épée tranchante (Apocalypse 19,11-13 ; Ephésiens 1,7 ; 2,13-18 ; Colossiens 1,20) et au cours duquel il meurt expressément (Apocalypse 1,18 etc). Une mort extrêmement réaliste, sombre, dans l'abandon de Dieu, qui lui remet, à lui qui dès l'origine est « lumière » et « vie des hommes » (Jean 1,4), la clé pour tous les morts et toutes les ténèbres qu'elle comporte : « j'ai été mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant les clés de la mort et du royaume des morts » (Apocalypse 1,18) ; « la mort n'exerce plus de pouvoir sur lui, une fois pour toutes sa vie est une vie à Dieu » (Romains 6,10), devant lequel « il se présente une fois pour toutes avec son propre sang » (Hébreux 9,12), englobant et dépassant ainsi toutes les autres effusions de sang et toutes les autres morts du monde et de son histoire. [...]

Pour lire la suite de cet éditorial, vous pouvez télécharger gratuitement ce numéro ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!

 


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
11.75€ 2.10% 12.00€ 5

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
L'église dans la ville - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger