M. Gregory SOLARI
La Famille
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n°237
Janvier - Février
2015 - Page n° 108
L’économie comme ontologie fondamentale ? Lecture de Schau der Gestalt1
La théologie de H. U. von Balthasar repose sur le concept de "figure (Gestalt)", qui tente de formuler l'inscription définitive du Dieu infini dans le fini de la création, donc de l'histoire. Il s'agit ainsi de l'apparaître temporel d'un phénomène par excellence, non de métaphysique. Peut-on comparer cette entreprise à celle de la phénoménologie de Heidegger, quasi contemporaine et que Balthasar connaissait indirectement? Sans doute, d'autant plus que Heidegger avait trouvé ses premières indications dans la théologie chrétienne, en particulier saint Paul. Ce point de départ commun permet de marquer d'autant mieux les différences: au Dasein, fini et humain, se substitue le Christ, figure finie de l'infini de Dieu. Tout dépend ici de ce que l'on peut entendre sous le titre de "donné".
La première page, 108, est jointe.
Introduction
La première phrase de Schau der Gestalt annonce d’emblée le projet de Hans Urs von Balthasar dans ce volume de Herrlichkeit consacré à l’ « Apparition de la Figure » : « On a tenté, dans cet ouvrage, de développer la théologie chrétienne à la lumière du troisième transcendantal, c’est-à-dire de compléter la considération du vrai et du bien par celle du beau2. » Balthasar se livre ici à ce que Jean-Yves Lacoste considère comme un acte d’une « insolence incontestable à l’égard de l’histoire de la philosophie3 ». Pourquoi? Parce qu’en même temps qu’il situe Schau der Gestalt dans l’horizon de la métaphysique (en partant des transcendantaux), Balthasar amorce une sortie hors de celle-ci en remplaçant l’ens par un autre transcendantal: pulchrum – le beau – qui était jusque-là subordonné au vrai.
Cette substitution, on le sait, a rendu possible le rapprochement de la notion de Gestalt, que Balthasar reprend à l’esthétique de Goethe, avec le Christ ; la Gloire (Herrlichkeit) qui se manifeste, c’est le Christ en tant que Figure. La Gestalt ne forme pas le contenu de la Révélation ; elle est la Révélation même : dans la Figure, ce qui apparaît est inséparable de l’économie qui constitue son mode d’apparaître. Le Fils se donne tout entier dans la Figure du Christ, sans réserve ni rétention de sa divinité, comme l’affirme saint Paul (Philippiens 2, 6-11). Peut-on qualifier Schau der Gestalt d’entreprise « phénoménologique » ? Parce que le Verbe de Vie s’est manifesté « dans sa réalité corporelle », l’expérience de foi doit être conçue, écrit Balthasar, « comme la rencontre de tout l’homme avec Dieu. […] Tout l’homme, c’est-à-dire l’homme non seulement avec sa raison
1 Titre du premier volume de la trilogie de Hans Urs von Balthasar, Herrlichkeit. Eine Theologische Ästhetik. Schau der Gestalt. Les pages mentionnées entre parenthèses renvoient à la traduction française : La Gloire et la Croix. Apparition, Aubier, Paris, 1965. Notre lecture se limite aux pages 185-217 de la première partie (sur « L’évidence subjective »), consacrées à « L’expérience de foi ». .....
2 « Die Sicht des Verum und des Bonum zu ergänzen durch die des Pulchrum » (I, 11).
3 « Minima balthasariana », Revue thomiste, 1986, IV, p. 125.
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